Tokyo, la capitale ! Elle y était enfin ! Un de ses plus grands rêves se réalisait maintenant, elle n’en revenait toujours pas. Tout était immense, des gratte-ciels à la foule malgré cette heure matinale. La française se sentait plus heureuse que jamais. A côté d’elle, Chiharu sortit un plan de la ville et le scruta avec attention.

- Rha ça m’énerve ! Je comprends rien, c’est trop compliqué !
- Euh…tu la tiens à l’envers là.

Sa cousine la regarda, surprise, puis retourna la carte dans l’autre sens en soupirant.

- Vas-y dis-le, je suis si bête que je ne sais pas lire une carte comme il faut.
- Mais non.

Ayumu était contente. Depuis quelques jours elle s’était rapprochée de la jeune femme. En fait depuis que les chanteurs avaient quitté Chiba plutôt, même si c’était regrettable à dire. Mais elle décida de ne pas penser à ça aujourd’hui, le jour qu’elle attendait tant. Elles avaient prévu de faire les magasins le matin pour qu’Ayumu puisse acheter des cadeaux-souvenirs à sa famille et le midi Aiba devait les retrouver pour aller manger. Ca aussi, elle n’en revenait pas. Le chanteur avait assuré qu’il obtiendrait 1 ou deux heures de temps libre pour être avec elles. Pour l’instant, elles marchaient toutes deux dans les rues, la française trainant sa cousine dans chaque boutique qu’elles croisaient…c’est-à-dire toutes. Elles se perdirent une ou deux fois, n’ayant ni l’une ni l’autre le sens de l’orientation. Il fut décidé que l’après-midi se passerait de la même manière, elles iraient se promener dans quelques magasins jusqu’à ce qu’il faille repartir. Ce programme enthousiasmait Ayumu. Elle acheta des tonnes de cadeaux, le budget qu’elle s’était alloué pour cette journée se réduisant à vue d’œil.

A midi, elles retrouvèrent Aiba devant un restaurant sympathique et pas cher où il adorait aller. Ils mangèrent beaucoup et l’ambiance était très bonne. Malheureusement il dû repartir et les jeunes femmes retournèrent faire les boutiques, au grand mécontentement de Chiharu, qui disait avoir mal aux pieds. Après plusieurs remontrances et menaces, elle finit par la suivre en râlant, mais elle semblait heureuse aussi. Sa cousine avait eu peur de la foule au départ, mais petit à petit, et avec l’aide d’Ayumu, elle s’était faite à l’idée que des personnes pouvaient la bousculer à tout moment sans pour autant lui en vouloir.

Vers 14h40 elles s’assirent sur un banc, harassées, devant un grand bâtiment où entraient des étudiants en uniforme. Il y avait apparemment une cérémonie de remise de diplôme et les deux cousines s’amusaient à les regarder entrer, le visage anxieux mais excités. Ayumu vit alors un petit garçon, qui devait avoir pas loin de 7 ans, courir en traversant la route alors qu’une voiture arrivait. Paniquée, elle courra vers lui et réussit à l’écarter juste avant que la voiture ne freine brusquement. L’enfant ne semblait pas se rendre compte de la situation à laquelle il venait de participer. Une femme, probablement sa mère, vint le récupérer en la remerciant, les larmes aux yeux.

- Non mais tu es folle ? cria Chiharu depuis le banc où elle était toujours assise. Tu aurais pu te faire tuer ! J’aurais dit quoi à ta famille moi ?
- Ne t’en fais pas, j’ai géré.

Sa cousine dodelina de la tête, ce qui fit rire Ayumu. Alors qu’elle retournait s’assoir, le sol trembla sous ses pieds.

- Tu as senti ?

Mais à peine avait-elle dit cette phrase que la terre trembla à nouveau, de plus en plus fort. Ayumu tomba au sol, déséquilibrée, tandis que sa cousine se levait du banc, se tenant aux accoudoirs.

- Mais qu’est-ce qu’il se passe ?

Non pas possible, c’était un tremblement de terre ? C’était la première fois que la jeune femme en vivait un, elle s’était toujours demandé comment elle se sentirait en cet instant de panique, et la réponse fut plus qu’évidente. Elle avait peur, elle était excitée. En face d’elle, Chiharu semblait chercher un endroit pour se protéger. La française releva alors les yeux et vit le bâtiment se fissurer. Le toit s‘effondrait de plus en plus, des étudiants par dizaines sortaient de la bâtisse et des pans du murs commencèrent à tomber…droit sur sa cousine. Une vague de panique la prit et elle hurla.

- Chiharu ! Attention écarte-toi !

Trop tard. La jeune femme se tourna vers elle, surprise par son cri et releva seulement la tête alors que le mur s’effondrait à son tour. Le sol tremblait toujours. Alors la française cessa de réfléchir et se jeta sur elle, prête à la protéger.




Elle aussi avait sentit le sol trembler, mais ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait donc elle ne paniqua pas tout de suite. Elle se leva du banc où elle était assise, venant de voir Ayumu tomber par terre. Heureusement elle semblait ne rien avoir. Elle chercha alors des yeux un endroit où elles pourraient être protégées. C’est là qu’elle entendit sa cousine hurler son nom.

- Chiharu ! Attention écarte-toi !

« Quoi ? » Elle entendit un gros bruit derrière elle et se retourna en levant la tête. Le bâtiment s’effondrait. La jeune femme voulu s’enfuir, mais ses jambes étaient clouées au sol par la panique qu’elle ressentait. Elle ne chercha même pas à se protéger de ses bras lorsqu’elle vit les pierres arriver…

Elle était par terre, allongée sur le ventre, un poids sur son dos l’empêchant de bouger. Elle avait mal partout, surtout à la tête. Elle sentit une odeur de sang et toucha sa tempe qui saignait, geste qui lui arracha une grimace de douleur. Sa vue était brouillée et de la poussière l’empêchait de respirer. Elle toussa une ou deux fois et tenta de se lever malgré ce poids qui la gênait. Alors qu’elle avait réussi à se redresser sur ses deux bras, elle vit un main pendre à côté d’elle et des cheveux, autres que les siens, tomber sur son visage. Elle les reconnut immédiatement et une vague de panique la saisit. Elle se retourna doucement et vit avec effroi le corps de sa cousine près d’elle, inerte.

- Ayumu ? Ayumu !

Elle la secoua mais elle ne se réveillait pas. « Non, impossible ! »

- Quelqu’un, aidez-moi !

Mais les gens continuaient de fuir l’effondrement du bâtiment et personne ne les remarqua. Chiharu sentit les larmes lui monter aux yeux. Son esprit était embrouillé, elle ne savait pas quoi faire. Elle sortit alors son portable et appela Aiba. Il ne répondait pas. Elle réessaya plusieurs fois et il finit par décrocher.

- Chi-san ? Ça va ? Vous n’avez rien ?
- Ma-kun ! Aide-moi ! C’est Ayumu…elle…elle ne se réveille pas ! Je ne sais pas quoi faire…
- Je ne t’entends pas. Où es-tu ?
- Je..elle…Ayumu…

Elle n’arrivait plus à articuler le moindre mot. La jeune femme entendit Aiba parler à quelqu’un et le téléphone changea de main.

- Sugiura-san ? C’est Sakurai Sho. Qu’est-ce qu’il y a ?
- Le toit s’est effondré…elle ne se réveille pas !
- Calme-toi déjà. Tu vas bien m’écouter et faire ce que je te dis. Ne la bouge surtout pas et couvre-la avec un tissu, n’importe quoi fera l’affaire. Ensuite tu dois lui parler, il se pourrait qu’elle t’entende et que ça l’aide à s’en sortir. Appelle un ambulance aussitôt que tu l’auras couverte, dis-leur où tu es, et ne lésine pas sur les détails. C’est tout ce que je peux te conseiller. Et si elle se réveille avant que l’ambulance arrive, maintiens-la couchée. Calme-toi, ça va bien se passer. Appelle-nous lorsque tu seras à l’hôpital, nous viendrons aussitôt. Tu as bien compris ?
- Ou…oui.

La jeune femme raccrocha, un peu plus rassurée et entreprit de faire tout ce que le rappeur lui avait conseillé. Bientôt l’ambulance arriva et les emmena à l’hôpital le plus proche. Ayumu ne s’était toujours pas réveillée et Chiharu sentait sa main devenir de plus en plus froide. Une fois arrivée, on la sépara de sa cousine malgré ses protestations et on l’emmena dans une salle où des infirmières lui firent quelques examens. Elle fut ensuite mise dans une chambre blanche, seule, où elle attendit que quelqu’un vienne la chercher. Les 5 chanteurs arrivèrent peu de temps après.

- Chi-san ! Je me suis tellement inquiété !
- Où est-elle ? Il faut que je la vois, c’est important !
- Les médecins nous l’interdisent pour l’instant.
- Ce n’est pas possible ! Il faut que j’y aille, c’est de ma faute…

Elle sortit du lit mais un vertige la prit à peine les pieds posés au sol et elle s‘effondra dans les bras du rappeur.

- Ce n’est pas une bonne idée. Il faut te reposer.
- Mais…

Chiharu n’avait plus aucune force, elle était fatiguée et pleura dans les bras du jeune homme, qui la ramena dans son lit. Elle s’endormit les paupières à peine fermées.

Quand elle se réveilla un peu plus tard, Aiba et Ohno se trouvaient à côté d’elle.

- Chi-san, ça va mieux ?

La jeune femme hocha la tête en signe de réponse.

- Les médecins t’ont permis d’aller la voir un instant, tu veux toujours ?
- Oui.

Les deux chanteurs l’aidèrent à marcher jusqu’à la chambre de sa cousine d’où sortait justement Sho, le visage grave et inquiet.

- Elle est sûre de vouloir le faire ?
- Oui.

Le rappeur s’écarta et elle ouvrit la porte, les mains tremblantes…et se figea.




Ils n’avaient presque rien ressentit de là où ils se trouvaient, les studios avaient à peine tremblés et seuls quelques objets étaient tombés des étagères. C’est pourquoi l’appel de Chiharu lui fit se rendre compte à quel point ils avaient eu de la chance. Parce que ça n’avait pas été partout ainsi. Ils s’étaient tous précipités à l’hôpital où se trouvaient les deux cousines et Sho avait eu la peur de sa vie quand il avait vu la jeune femme allongée dans ce lit blanc, le visage pâle et des bandages autour de la tempe. D’après les médecins elle n’avait que quelques égratignures, ce qui n’était pas le cas d’Ayumu. La française s’était pris toutes le pierres destinées à sa cousine sur le dos, la tête et les jambes, et elle avait le bras gauche plâtré. Mais ça encore ça allait. Le rappeur redoutait l’instant où Chiharu découvrirait que sa cousine était entubée, entourée de machines et surtout…dans le coma. Et il arriva, ce moment. La jeune femme entra dans la pièce et s’arrêta aussitôt.

- Ayumu…

Ses yeux bleus s’agrandirent devant le spectacle désolant qu’offrait la française. Alors elle commença à hurler.

- Ayumu !! Réveille-toi ! Ayumu !
- Ca ne sert à rien, elle est dans le coma.
- Non…NON !

La jeune femme avait les larmes aux yeux et sa respiration se faisait courte.

- NON ! NON ! NON ! Je suis responsable d’elle ! Ca ne peut pas arriver ! C’est de ma faute ! Ayumu je t’en prie réveille-toi ! Je devrais être à ta place ! Debout !

Elle secouait la jeune femme comme une forcenée.

- Arrête, ce que tu fais ne la fera pas se réveiller.

Elle se releva et commença à regarder dans tous les coins, puis prit des outils de médecins qui se trouvaient là.

- Que fais-tu ?
- Je vais la sauver.

Elle avait dit ça avec tant de résignation que Sho sentit un frisson lui parcourir l’échine.

- Tu ne peux rien faire, on te l’a dit. Calme-toi.
- Que je me calme ? Mais elle est comme ça à cause de moi ! Comment je pourrais me calmer ? Com…

Chiharu tomba au sol avant même d’avoir fini sa phrase. Les 5 chanteurs se précipitèrent sur elle, inquiets qu’elle ne se relève pas.

- Chi-san, ça ne va pas ?
- Sho-kun, je ne sens pas son pouls, dit Jun en lui touchant le poignet. Il faut appeler un médecin.

Ce qu’il fit à peine la phrase de son ami terminée. L’idole alla chercher des infirmières et des médecins aussi vite qu’il le put et leur verdict eut l’effet d’une bombe nucléaire.

- Arrêt cardiaque. Amenez le défibrillateur !

On les poussa vers la sortie tandis que deux infirmières transportaient le corps sans vie de Chiharu sur un lit. Ils assistèrent à la procédure, paralysés, sans qu’un mot ne sorte. Nino serrait la main du Leader et Jun avait enserré les épaules d’Aiba avec ses bras, ce dernier pleurant déjà en abondance.

- Chargez à 120. Prêt…dégagez !

Le corps de la jeune femme sursauta sur le lit.

- Aucun signal.
- On recharge à 200. Prêt…dégagez !

Il sursauta encore une fois et près de la porte, Sho sentit son cœur se serrer.

____________________________Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip_____________________________

Certains disent que lorsque l’on meurt, c’est comme si on se retrouvait dans un tunnel et qu’on voyait une lueur blanche au bout, par laquelle on était attiré. Si on allait jusqu’au bout du tunnel et qu’on passait cette fameuse lumière, ça signifiait que dans le monde réel, on était mort.

Ca ne se passa pas comme ça pour Chiharu. Il n’y avait ni tunnel, ni lueur blanche apaisante. Juste un noir total. « Que s’est-il passé ? »

- Tu vas mourir.

La voix sortit de nulle part mais c’était exactement la même qu’à chaque rêve. L’Inconnu était là.

- Quoi ?
- Tu m’as très bien entendu. Tu vas te laisser mourir comme une idiote.
- Où suis-je ?
- Dans ta tête. Parce que ton cœur a arrêté de battre et que tu ne veux pas le redémarrer.
- Qui t’as dit que…
- C’est évident que tu ne t’accroches pas à la vie. Pourquoi tu fais ça ? Tu as le choix et tu vas laisser passer ta chance. Beaucoup aimeraient disposer de cette option.
- Quelle chance ? La vie est un enfer et ceci ma sortie de secours.
- Ta sortie de secours ? Tu plaisantes ?
- Je n’aime pas vivre.
- Tu as peur de vivre plutôt. Parce que ça signifie avoir des contraintes, des envies, des déceptions et des sentiments. Tu es une lâche.
- Ne m’insultes pas !
- Je ne fais que dire la vérité. Depuis que tu es toute petite tu es comme ça. Tu laisses les autres te marcher dessus sans rien leur dire, sans protester. Pour moi c’est de la lâcheté et rien d’autre.
- Pense ce que tu veux.
- Tu vois tu recommences. Tu esquives la conversation en te soumettant à mon avis. C’est décevant. Se laisser mourir est la chose la plus abjecte que je connaisse.
- Tu es mon subconscient, tu ne connais rien à la vie.
- Je te connais toi et je sais ce qui est le mieux pour ton bonheur. Et ce n’est pas mourir.
- Il n’y a rien qui me retienne sur Terre, ça aussi tu devrais le savoir non ?
- Rien ? Tu es sûre ? Pas même…une personne ?
- C’est tout simplement impossible et je le sais pertinemment. Il ne faut pas prendre ses rêves pour de la réalité. Je me suis résignée. De toute façon rien ne m’y empêchera parce que ça fait tellement longtemps que je souhaite que ce moment arrive…

Chiharu entendit alors un long cri qui lui déchira les entrailles.




_____________________Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip___________________________

- On recharge à 300. Prêt…dégagez !

Les palettes vinrent toucher la poitrine de la jeune femme dont le corps se souleva encore une fois sur le lit, mais dont le cœur refusait toujours de battre.
« Allez, accroches-toi. Allez ! » Sho enfonçait ses ongles dans sa chair et y laissa des marques sanglantes. Les décharges ne faisaient aucun effet et le cœur ne voulait pas repartir. Chiharu avait les cheveux éparpillés autour de son visage blanc, les traits calmes comme si elle s’était attendu à ça toute sa vie. Sa tête était tournée vers lui et ses paupières étaient closes. On aurait pu penser qu’elle dormait s’il n’y avait pas eu ce « bip » continu qui martelait le crâne des chanteurs. Les médecins tentèrent une dernière fois de la réanimer mais devant l’échec de leur tentative, ils finirent par enlever la machine et les regarder d’un air désolé. Le rappeur sentit une vague de colère et de désespoir monter en lui et entra dans la pièce.

- Qu’est-ce que vous faites ? Continuez ! Il y a encore une chance ! J’en suis sûr !
- Nous sommes navrés mais il n’y a plus rien à faire. Elle est morte. Si vous le voulez bien nous allons annoncer l’heure du décès.
- Non ! hurla Sho en sentant les larmes lui monter aux yeux sans qu’il l’ait voulu. On ne peut pas abandonner !

Il prit la main déjà froide de Chiharu et la secoua comme elle le faisait quelques minutes plus tôt avec sa cousine.

- Réveille-toi ! Accroches-toi ! Je t’en prie…Mais venez m’aider vous ! cria-t-il aux chanteurs qui se tenaient toujours en dehors de la pièce.
- Sho-kun tu as entendu les médecins, il n’y a plus rien que l’on puisse faire.
- C’est faux ! Il y a forcément quelque chose…Aiba-chan !

L’idole pleurait encore mais vint vers le rappeur et commença lui aussi à secouer la jeune femme par les épaules en lui criant de revenir à la vie. Sho commença à lui faire un massage cardiaque plutôt brutal en accompagnant son geste d‘un « Reviens » de plus en plus insistant. Jamais, jamais il ne la laisserait mourir comme ça.




- Tu entends ?
- Oui…qui est-ce ?
- Des personnes pour qui tu comptes.
- Il n’en existe pas.
- C’est fou ce que tu peux être bornée. Alors je ne vais pas passer par 4 chemins. Il te reste quelques secondes pour faire ton choix. Soit tu t’accroches à la vie et tu tentes de découvrir ce qu’elle te réserve. Soit tu te laisses mourir lâchement et tu ne sauras jamais ce que tu as perdu. Alors ?
- Je ne peux pas décider aussi vite…
- Il le FAUT. Pense à ta cousine quand elle se réveillera et qu’on lui dira que tu es morte à côté d’elle. Tu dois au moins t’accrocher pour elle.
- …
- Il te reste peu de temps.

En effet l’Inconnu commençait à disparaître comme à chaque fois qu’elle quittait un songe.

- Comment puis-je être sûre de faire le bon choix ?
- Ca tu le sauras plus tard. Mais souviens-toi que si tu meurs, tu ne pourras plus faire demi-tour.
- Alors je vais le faire…pour Ayumu…

Il disparut.

- Mais comment ?

Elle pensa alors à sa cousine, à sa bonne humeur et son accent qui la faisait rire. Puis Aiba, qui avait toujours été là pour elle même quand elle l’avait rejeté. Nino, Jun et Ohno qui avaient su prendre soin de lui alors qu’elle l’avait abandonné. Et Sho, qui avait réveillé en elle des sentiments qu’elle pensait avoir oublié à jamais. La jeune femme commença à suffoquer, elle n’arrivait plus à remplir ses poumons d’oxygène et fut prise de panique. Elle sentit l’air manquer dans son cerveau et son corps ne lui répondit bientôt plus, la faisant s’affaler sur le sol.




- Je t’en prie… , murmura Sho.
- C’est fini messieurs. Heure du décès, 17h…

Biiiiiiiiiiiip…bip…………………………bip…………………………bip……………..bip……….....bip…..….........bip………..........bip.................bip.......................bip......................bip.......................bip

- Ce n’est pas possible ! Elle devrait être morte ! Poussez-vous.

Le médecin pris le poignet de Chiharu et se tourna, incrédule, vers ses compères.

- Il y a un pouls. On a un pouls ! Vite un masque, on la change de place.

Le lit fut déplacé dans une chambre vide où déjà des infirmières s’affairaient avec le matériel nécessaire. Sho était resté statufié dans la pièce, se demandant s’il avait réussi ou si on viendrait leur annoncer encore la mauvaise nouvelle dans quelques minutes. On vint bientôt les trouver pour leur informer de l’état de la jeune femme. Elle portait un masque à oxygène et respirait difficilement…mais elle respirait. Son état, selon les médecins, était toujours critique parce qu’elle pouvait tout aussi bien replonger dans la seconde d’après. Il fallait être prêt au cas où.

Les 5 chanteurs restèrent au chevet des deux cousines jusqu’à ce qu’on leur ordonne de partir. Ils se relayaient, Jun, Nino et Ohno ayant décidés d’un commun accord que le rappeur et Aiba ne devaient pas rester seuls et surtout que tous les deux. Ayumu était toujours dans le coma et le cœur de Chiharu battait toujours difficilement. Ni l’une ni l’autre n’avaient ouvert les yeux. Quand l’heure arriva, ils durent les tirer de toutes leurs forces pour les faire sortir des chambres. 

Sho revint les jours suivants, le travail ayant été suspendu à cause du séisme et du tsunami qu’avait subi le pays. Il passa toute la première journée au chevet de Chiharu qui n’ouvrait toujours pas les yeux. D’après les médecins son corps et son cerveau étaient en train de se réalimenter dû aux longues minutes pendant lesquelles son cœur n’avait plus battu. Ils ne savaient pas s’il y avait des lésions. Elle fut nourri par des tuyaux reliés à son organisme, c’était effrayant. Aiba aussi était venu toute la journée mais il avait fait la navette entre la chambre de la jeune femme et celle d’Ayumu, qui était toujours dans le coma. Ce n’est que le lendemain dans la matinée que le rappeur la vit ouvrir doucement les yeux et tourner sa tête vers lui. Sho se sentit tout d’abord soulagé mais s’inquiéta quand il remarqua que son visage n’avait aucune expression. Il était de marbre et même s’ils essayaient de lui parler, elle ne répondait pas, même pas aux médecins.

Elle resta ainsi 2 jours et 2 nuits entières, couchée sur son lit et regardant soit le plafond soit par la fenêtre. On leur avait assuré que ses cordes vocales n’avaient subi aucun dommage et que si elle ne parlait pas, c’est qu’elle l’avait choisi. Pourquoi ? La jeune femme ne semblait même pas remarquer sa présence malgré qu’il resta longtemps et parfois, sans aucun signe avant-coureur, des larmes coulaient sur son visage inexpressif. Mais le chanteur ne savait pas quoi faire dans ces moment-là même s’il était certain qu’elle souffrait intérieurement.

Ce n’est que le 4ème jour qu’un médecin vint les prévenir qu’Ayumu s’était réveillée, ce qui sembla provoquer chez Chiharu comme une décharge électrique, comme si elle n‘attendait que ce signal pour se permettre de revivre. Elle avait alors prononcé le nom de sa cousine plusieurs fois et murmuré des mots en français qu’ils ne comprirent pas. En quelques heures elle avait retrouvé des couleurs et demandait à sortir du lit, ce qu’on ne lui permit que vers la fin de la journée. Elle se déplaça à l’aide d’Aiba et de l’infirmière qui la soutenaient. La jeune femme ne resta pas longtemps dans la chambre de sa cousine parce que celle-ci se reposait et elle en avait bien besoin aussi. Quand ils partirent ce soir-là Chiharu les remercia.




Tout ce qu’il avait fait c’était pleurer, encore et encore. Contrairement à Sho, dont le comportement le perturbait énormément, il n’avait pas essayé de la ranimer avec autant de hargne et de désespoir. Aiba était perdu. Il ne comprenait plus personne et plus personne ne le comprenait, même pas lui. Pourquoi le rappeur revenait-il tous les jours et restait pendant des heures à la regarder, elle qui n’avait pas dit un seul mot depuis 2 jours. D’ailleurs comment se faisait-il qu’elle ne parlait pas ? Tout était devenu trop compliqué. Où était passé l’époque où Chiharu passait la plupart de son temps le sourire aux lèvres avec des mimiques et des gestes qui le faisaient rire aux éclats ? Maintenant tout ce qu’il faisait en la voyant, c’était retenir ses larmes. Elle avait décidement beaucoup trop changé.




Sho avait devancé ses amis d’un bonne dizaine de minutes parce qu’il y avait quelque chose qu’il devait absolument faire. Tout ce qui s’était passé lui avait fait comprendre qu’il avait fait fausse route en abandonnant ses sentiments pour elle et il comptait bien se rattraper. Il avait tellement eu peur de la perdre que sa détermination en avait été renforcée et était au maximum. Il entra donc dans la chambre où Chiharu lisait un livre, la tête calée entre deux oreillers et le dossier relevé. Elle semblait tellement absorbée qu’il dû racler sa gorge pour qu’elle le remarque enfin.

- Bonjour Sakurai-san.
- Ca va mieux ? fit-il en s’asseyant sur la chaise près du lit.
- Oui.
- Ecoute euh…j’aimerais te parler d’un truc.
- Un…truc ?
- Ouai un truc.
- Je suis toute ouïe.

Il posa alors la main sur la sienne, son manque de réaction craintive à son égard aidant à renforcer les propos qu’il n’allait pas tarder à dire.




Contrairement à ce qu’elle pensait, le contact de sa main sur la sienne ne la révulsa pas, bien au contraire. C’était comme si elle y était habituée et c’est pourquoi elle ne chercha pas à l’enlever, même si le visage de sa cousine quand le rappeur était près d‘elle lui revenait sans cesse. Elle posa son livre sur la table de chevet et attendit qu’il prenne la parole, curieuse de ce qu’il avait à lui dire. Elle espérait seulement que ce ne soit pas une mauvaise nouvelle parce qu’elle ne se sentait pas encore apte à surmonter un coup dur.

- Voilà euh…en fait je ne sais pas comment je vais bien pouvoir te le dire mais…je pense que la manière franche est la meilleure. Donc euh…je sais qu’on ne se connait pas depuis très longtemps mais je crois que…

La porte s’ouvrit à ce moment-là et Sho sursauta. Aiba entra suivit des 3 autres chanteurs et de deux médecins en blouse blanche dont un qu’elle reconnut immédiatement.

- Chi-san ! Regarde qui nous venons de rencontrer ! Le docteur Sumiya !
- Bonjour Sugiura.
- Sumiya-san ! Quelle surprise ! Que faites-vous ici ?
- J’ai été transféré il y a 2 ans. Nous venons te faire quelques examens et te parler. Ils peuvent rester là si tu veux.
- Allez-y.

Le médecin aux cheveux grisonnants et son collègue l’examinèrent donc pendant 5 bonnes minutes.

- Il faut que nous vous posions quelques questions et que vous répondiez en toute franchise.
- Entendu.
- Votre arrêt cardiaque a été causé en grande partie à cause de l’effondrement du bâtiment. Une énorme quantité de poussière s’était déposée dans votre voie orale et vos poumons et nous ne l’avions malheureusement pas vu. Votre respiration s’est bloquée et le cerveau, par manque d’oxygène, a fait s’arrêter votre cœur. Mais ce n’est pas la seule raison. Avez-vous subit un stress important récemment ?
- Oui.
- Comment s’est-il manifesté, et à cause de quoi ?
- Je fais de nombreux cauchemars qui me font me réveiller en sueur et j’ai peur d’aller me coucher. Ca doit faire 5 jours que je n’ai pas dormi, sans compter mes nuits ici.
- 5 jours ? C’est énorme Sugiura. Que se passe-t-il ?
- De mauvais souvenirs.
- Ton opération c’est ça ?

La jeune femme sentit une boule se former dans sa gorge. Pourvu qu’il évite le sujet !

- Quelle opération Sumiya-san ? demanda Aiba, inquiet.
- Et bien, celle que l’on a dû faire pour son avortement évidemment. Mais tu étais au courant non ? Elle t’en a parlé.

Chiharu vit les yeux des 5 chanteurs s’agrandirent comme des soucoupes. Sho, qui avait encore sa main sur la sienne, la retira rapidement.

- Quel avortement ? Vous devez vous tromper, il ne peut pas s’agir de Chi-san.
- Tu ne lui as pas dit ? Tu me l’avais promis ! Mais à quoi tu penses à la fin ?
- Je…
- Chi-san c’est vrai ? Quand ? Ne me dis pas que c’est à cause de…
- Ma-kun je suis désolée ! J’aurais tellement voulu que tu ne l’apprennes pas !

Sho s’était levé rapidement de la chaise et évita son regard.

- On était d’accord pour que tu lui en parles et que tu vois un psy si je te laissais sortir plus tôt de l’hôpital. J’avais confiance en toi. Mais à quoi tu joues ? Tu es retournée en consultation au moins depuis la dernière fois que l’on s’est vu ?

Elle nia de la tête. Elle n’avait pas voulu y retourner parce que ça coûtait de l’argent et que ses parents se seraient posés des questions. Et s’ils avaient appris ça…Tout le monde connaissait ses parents et la rumeur se serait vite propagée jusqu’à eux.

- Bon dieu c’est pas vrai. Ça fait combien de temps ? Presque 7 ans ?
- Ça fait longtemps c’est bon maintenant.
- Mais quand comprendras-tu que tes nuits blanches sont en parties dues à ça ? Comme ces cicatrices sur tes poignets.
- Quelles cicatrices ?

Chiharu cacha instinctivement ses bras sous les draps.

- Alors c’était ça.
- Je vais devoir te prescrire des médicaments pour ta maladie.
- Je ne suis pas malade.
- Si. Mademoiselle vous avez les symptômes d’une dépression sévère, et si votre cœur a mis si longtemps à redémarrer c’est à cause de ça. Parce que vous ne le vouliez pas, n’est-ce-pas ?
- Dis-moi qu’il plaisante Chi-san.
- J’ai réussi à me reprendre.
- Oui mais la prochaine fois vous vous laisserez aller. Mieux vaut guérir ça tout de suite que de se retrouver avec cadavre dans les bras dans 2 mois.
- C’est un peu fort ça Kiba-san.
- Il faut qu’elle voit la réalité en face. Je vais aller chercher les médicaments nécessaires.

Le médecin sortit, suivit des 4 chanteurs. Elle espéra qu’il se retourne, qu’il lui prouve qu’il n’était pas dégoûté par ce qu’elle avait fait. Mais il passa la porte sans un regard en arrière, comme les 3 autres.

- Chi-san, pourquoi tu ne me l’a pas dit ?
- Parce que le garder pour moi rendait la chose plus improbable. S’il n’y avait que moi qui le savait, ce serait comme si ça n’avait jamais existé.
- Je ne te comprends vraiment plus en ce moment.
- Je sais. J’ai changé en mal et toi en bien.
- Donc c’est à cause de…Toshi ?

Elle hocha la tête.

- Tu as bien fait.

La jeune femme se sentit soulagée que son meilleur ami réagisse ainsi.

- Aiba-kun je peux te parler ? dit le médecin en passant sa tête par la porte.
- J’arrive.

Le chanteur quitta lui aussi la pièce et elle se retrouva seule avec ses idées noires. Elle finit par reprendre son livre et le continuer, essayant encore une fois d’oublier.