| | La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] | |
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Auteur | Message |
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Biditoche I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Ven 24 Aoû - 10:16 | |
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| | | Midouu I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Ven 24 Aoû - 16:08 | |
| Il faut qu'ils arrivent à s'évader! Il faut qu'ils arrivent à s'évader! Il faut qu'ils arrivent à s'évader! XDD Non plus sérieusement, j'ai adoré ce chapitre comme tout les autres! J'aime toujours autant ton histoire et ta façon d'écrire! :3 J'aime le Jun super déterminé qui entraine tout le monde (Enfin, ils sont juste 2 XD) avec lui! ^^ J'espère qu'ils vont réussir leur plan.. Et puis qu'ils prennent Emmie avec eux aussi! Et Noémie aussi! xD
Viiiiite la suite!! :D |
| | | Kasashi I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Dim 26 Aoû - 16:46 | |
| Yatta ~ De toutes les fics et OS que j'ai lu, ce sont toujours les tiens les meilleurs ~ J'étais à fond dans l'histoire xD
Arigatou Didi-sama!!! >w< Je suis impatiente!! |
| | | AibMasaRo I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Dim 26 Aoû - 20:21 | |
| Aaah ! J'ai adoré ce chapitre encore ! J'espère troooop qu'ils vont réussir, même si j'y crois pas franchement (quoi que, il ne peux pas y avoir que des morts à la fin de ta fic non ? *espère* XD) Dans ma tête j'aimerai que Ohno les aide sans broncher, qu'il tente l'évasion avec eux aussi. Il indique l'endroit où se trouve Aiba, Nino va le chercher, ils se font des rapides mamours alors que l'autre est moitié mourant XD Et hop ils partent rejoindre les autres, et ils arrivent à s'évader et même, ils libère le monde ! Mouarf', j'aime rêver ! XD
Bref, j'ai adoré, je le redis, j'ai hâte de voir la suite, ça devient de plus en plus intéressant (déjà que ça l'était pas mal ^^) |
| | | Biditoche I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Jeu 25 Oct - 18:56 | |
| La suite pour vous !!!! Lâchez les com's super long 8D Chapitre 10 - Spoiler:
Sho
Jun est timbré. Son idée m’empêche de me rendormir. Pourquoi avoir parlé de ça ? Pourquoi l’avoir même envisagé ? Je n’ai pas un bon pressentiment. Pourtant je ne peux pas lui dire non, je ne le peux plus. Et moi aussi j’ai envie de partir d’ici rapidement mais contrairement à mon frère, je m’étais fait une raison. Pourquoi raviver cette étincelle d’espoir que j’ai mis tant de mal à faire disparaitre ?
Il se rendort, moi pas. Mon regard dérive d’un mur à l’autre alors que mon cerveau, lui, cogite à son maximum. Je ne sais pas si on peut compter sur ce garde, à vrai dire j’ai des doutes. Je n’arrive pas à le caser quelque part, comme si…comme s’il n’avait pas de « clan », qu’il était un électron libre qui se balade entre nous. Entre bien et mal. Peut-on vraiment compter sur son aide ? Je me demande…Après tout il prendra presque bien plus de risques que nous en disant oui et il n’y a pas de raison qu’il en prenne. C’est une équation bien difficile à résoudre, avec des éléments improbables ou variables, sur lesquels on ne peut vraiment compter. Je soupire de lassitude, le sommeil ne vient toujours pas. Il ne viendra pas avant un long moment. Quand j’arrêterai de réfléchir sûrement, ce qui n’est pas près d’arriver ! Il n’y a toujours aucun bruit dans la cellule, l’atmosphère est toujours aussi pesante, morne…et au fond, malgré tout ce qu’il m’est arrivé, cette souffrance dans mon corps et ces marques dans mon dos, je ne peux me résoudre à voir ça comme la réalité. Pourtant je ne suis pas du genre à être dans la lune, non. J’ai les pieds sur terre. Sauf que là, j’ai l’impression que je suis toujours dans un rêve, que je vais me réveiller. Parce qu’il est impossible que ce soit vrai n’est-ce pas ? J’ai dû regarder un film de SF hier soir et mon imagination me joue des tours…J’ai envie d’y croire, comme je sais que ce n’est pas vrai. C’est l’espoir, dit-on, qui nous fait survivre…celui qui a dit ça ne savait pas à quel point il avait raison. C’est vrai quoi, si Jun et moi sommes encore là aujourd’hui, c’est par espoir qu’au fond, tout ça ne soit pas réel, qu’on puisse s’en sortir indemnes…
Mes yeux dérivent encore sur toute ma cellule. J’aimerai parfois fermer les yeux et ne pas me réveiller…en tout cas pas ici. La vie est cruelle. Trop cruelle. Je regarde mes mains sales, moi qui déteste la saleté, et soupire. Je veux retrouver ma vie d’avant, ma vie tranquille avec mon bon boulot, mes amis, mon demi-frère, tout ça ! Je pose mon front contre mes bras et commence à pleurer silencieusement. C’est dur à supporter tout ça, vraiment trop dur. Jun a raison. Il faut qu’on s’en aille d’ici. Mon mental ne le supportera pas, dans moins de 6 mois je deviendrai fou comme je ne l’ai jamais été et on me tuera tout de suite, persuadé que je suis possédé ! Alors ma décision est vraiment prise. A 100%. Je vais les suivre, ces deux idiots. On va risquer notre vie mais de toute façon, il n’y a rien d’autre à faire pas vrai ? Moi aussi je refuse d’attendre qu’on vienne simplement me tuer. Je veux au moins faire quelque chose, pour dire que j’ai essayé, que je ne suis pas resté tout simplement à attendre la mort comme un lâche. Je veux leur montrer que tout ça ne me plait pas et qu’il y a encore des gens qui se rebellent, qui ont…de l’espoir. Qui refusent cette condition impossible, contre leur volonté. Je veux tout simplement vivre…Est-ce si affreux ?
J’entends des pas dans le couloir, des pas sourds qui s’approchent de nous. Fronçant les sourcils, je me frotte les yeux et relève la tête vers l’entrée. Le garde a bougé légèrement, s’est avancé dans le couloir. Ses yeux reflètent une certaine…inquiétude. Ou alors est-ce son regard habituel ? Un homme en costume bleu apparait dans mon champ de vision et il nous regarde tous un à un avec un air de dégoût sur le visage. Il est si propre sur lui que j’en suis jaloux…Je tapote discrètement l’épaule de Jun, conscient que je l’ai réveillé dans un sommeil assez dur à trouver ici et lui montre l’homme qui continue de fouiller la pièce du regard. Il a des yeux gris effrayants, des cheveux grisonnants sous un chapeau un peu ridicule, bleu et doré. Il n’est pas très grand, assez mince, même pas charismatique cependant…il me colle un frisson désagréable. Parce qu’il représente tout ce que nous, « Maudits », redoutons. Ses yeux s’attardent alors sur l’un d’entre nous et, d’un mouvement de menton, il la montre au garde. Oui, la. Le petit blond jette un œil dans la cellule puis ouvre avant de se diriger vers Emmie.
- Debout.
Qu’est-ce qu’ils lui veulent hein ?? C’est quoi encore cette mascarade ? Ils nous enferment déjà toute la sainte journée dans ce taudis, ils ne peuvent pas nous laisser en paix ? La jeune femme lève les yeux vers le petit homme qui la regarde apparemment avec insistance…puis se lève. Ce simple geste…je ne le comprends pas. Elle va y aller ? Sans demander d’explication ? Sans rien dire ? Comme si elle était leur petit chien ? Je ne comprends pas…elle est si combattive ! Elle devrait résister, protester…alors que là le garde l’attrape par le bras et la tire avec lui jusqu’à l’extérieur.
Une loque. Cette fille n’est plus qu’une loque parmi tant d’autres. Parmi nous en fait. Elle est devenue comme tous les prisonniers ici. A quoi bon résister ? Oui, elle a vraiment fini de se battre.
Emmie
Le petit garde blond n’est pas très fort. Je pourrai me débarrasser de sa prise, courir dans le couloir, m’enfuir loin d’ici…Mais non, pas possible. Déjà parce que l’homme en bleu à côté de nous a une arme tout près de sa main. Il prévoit le coup, évidemment. Et puis surtout parce que je ne pourrai pas partir sans Célia. C’est con non ? Elle m’a clairement trahie, elle m’a rejetée, elle m’a fait si mal…mais je ne serai jamais capable de lui en faire. C’est mon amie, ma sœur, celle qui a enduré toutes ces choses avec moi pendant tant d’années…comment je pourrai envisager ma vie sans elle à présent ? La haine, ce n’est pas vers elle que je la dirige. Non, elle ne mérite pas ma haine. C’est ce gouvernement stupide qui mérite toute ma fureur. Cependant je n’ai plus la force de dire quoique ce soit, de protester. Ils sont forts. Je ne sais pas s’ils ont fait exprès de rendre Célia ainsi en espérant pouvoir me toucher, mais si c’est le cas ils ont réussi…Je souffre tellement que même les coups de fouets de la dernière fois me paraissent bien supportables et moins affreux. Mon amie redeviendra-t-elle seulement comme avant ? Est-ce que j’espère en vain ? Dois-je me résigner à n’être plus qu’un déchet à ses yeux ? J’ai tellement fait pour sa survie…Ai-je le droit de me plaindre maintenant ? Non, sûrement pas. Après tout je ne suis pas la seule dans ce cas, certains ont vécu et vivent bien pire que moi. C’est juste une histoire d’amitié qui a mal tournée. Mais alors pourquoi j’ai l’impression que la terre s’ouvre en deux en dessous de moi pour m’engloutir ? C’est fou…je ne me suis pas sentie aussi vide depuis le jour où mes parents sont morts alors que j’étais là, à ne rien pouvoir faire. Là encore, Célia meurt à petit feu en m’emportant et je ne peux rien faire pour arranger ça.
Nous marchons de longues minutes durant. Peut-être devrais-je retenir le chemin, au cas où ? J’essaye de capter une sortie mais tout est soit blanc, soit en pierre simple. Cet environnement me donne envie de vomir, c’est insupportable. Finalement nous nous arrêtons devant une porte gardée par deux hommes imposants à qui le blond me « refile ». Parce que c’est bien ça, je ne suis rien à leurs yeux. Enfin, rien…Pour que je sois là c’est qu’il y a forcément quelque chose qui ne va pas, n’est-ce pas ? Sortie de ma léthargie due à la trahison de Célia, je commence à regarder autour de moi avec un peu plus d’attention. Qu’est-ce que je fais là ? C’est quoi cet endroit ? Suis-je la première à venir ici ? Qu’est-ce qu’il se passe ?
Les deux colosses ont une prise plus ferme et je commence à me débattre, alarmée, tirant jusqu’à m’en déplacer des os.
- Lâchez-moi ! - Ah, elle réagit enfin, ricane l’homme en bleu. Vous pouvez y aller, on n’aura plus besoin de vous aujourd’hui.
Le garde blond hoche doucement de la tête et me jette alors un regard…plein de pitié. Mes yeux l’implorent de faire quelque chose, alors que c’est débile non ? Il ne fera rien pour moi, pourquoi le ferait-il ? C’est bête…alors pourquoi ma gorge se serre quand je le vois partir, s’éloigner de moi ? Il ne peut pas m’aider…il ne peut pas m’aider…mais j’aurai aimé qu’il le fasse. Arrête Emmie, tu es coincée là parmi ces gens qui te regardent comme une abomination. Que peux-tu attendre d’eux, franchement ? Personne ne fera rien pour toi, personne n’en aura le courage ni l’envie…il n’y a qu’à voir comment je me suis fait trahir par ma meilleure amie, celle que j’ai sauvé d’une mort certaine, celle pour qui j’ai risqué ma vie après avoir vu mes parents mourir. J’aurai pu me rendre directement moi ! Au moins ça aurait été réglé ! Mais non, j’ai fait tout ça pour la survie de Célia et qu’ai-je eu en retour ? Rien. Rien du tout.
La colère s’infiltre en moi. J’en ai marre, plus que marre de tout ça. Je ne me laisserai plus faire désormais. J’ai trop souffert pour me laisser tabasser par-dessus le marché ! Plus jamais je ne tendrai les doigts afin qu’on me frappe au bâton, plus jamais je ne laisserai quelqu’un décider de MON avenir. Fini la dépendance. Après tout, je suis un être libre. Mais il faut bien avouer que ma liberté face à ces deux monstres n’est pas grand-chose. J’ai beau me débattre comme une folle, sûrement la façon dont ils me considèrent, rien ne change. En plus ils me font mal, à me serrer ainsi ! Rien avec la poigne de cet autre garde.
On me fait rentrer dans une pièce encore blanche. Je déteste les pièces blanches. Ça me fait mal aux yeux et je ressors affreusement à l’intérieur. Bah oui, cheveux, yeux et habits noir. On ne voit que moi ! Du noir sur du blanc…Les deux gardes me forcent à m’asseoir sur une chaise en fer et me ligotent si fermement qu’à peine je bouge, la ficelle me scie les poignets. C’est inhumain comme traitement. Qu’ils nous détestent, passe encore. Mais qu’ils nous fassent subir tout ça c’est vraiment du n’importe quoi !
- Qu’est-ce que vous me voulez encore ? Vous ne croyez-pas que vous faites déjà bien assez ? - Quelle animosité, dit l’homme avec un rictus mauvais. Tu es vraiment comme tous les autres, peut-être pire. - Pire ? - Ne prend pas la grosse tête. Tu es une horreur et ça rien ne le changera.
Ce que je ne comprends pas c’est la raison de toute cette haine à notre égard. A mon égard. Cet homme je ne le connais pas. Il ne me connait pas. Et pourtant il me déteste, j’ai l’impression que rien que le fait de me parler lui déchire les entrailles ! Est-il vraiment possible de détester une personne qu’on ne connait ni d’Eve ni d’Adam ?
- Laissez-moi partir ! - Où as-tu eu ça ?
Je fronce les sourcils sans comprendre et aperçoit alors son doigt accusateur qui désigne le tatouage sur ma clavicule.
- Qu’est-ce que ça peut vous faire ? - Où t’es-tu fait cette horreur ? Réponds !
L’un des deux gardes me frappe, je sens la peau de ma joue rougir et mes poignets souffrir sous l’emprise de la corde. Mais je ne peux pas répondre. Je ne me souviens même pas du magasin où j’ai fait ce tatouage. Ça remonte à des années déjà, j’ai traversé des tas de choses et endurés des tas d’obstacles depuis, comment pourrais-je avoir retenu le nom d’une boutique de tatouage hein ? C’est vraiment du grand n’importe quoi ! Et quel est l’intérêt de le savoir ? Tout est trop flou dans ma tête, je ne comprends rien. La raison de ma présence ici, ces questions, toute cette histoire.
- J’en sais rien. Je ne me souviens pas. - Rappelle-t-en alors. - J’en sais rien je vous dis ! dis-je en hurlant presque tellement j’en ai marre.
La prochaine baffe est encore pour moi, évidemment. Et on m’en administre encore une bonne dizaine. J’ai les joues rouges, les lèvres gonflées de sang et la bouche pâteuse de ce liquide rouge au gout de rouille qui coule à la commissure de mes lèvres. Je ne sens plus ni mes bras, ni mes poignets et ni mes mains tellement la douleur m’a engourdie l’esprit. Je ne sais pas…je ne sais pas… L’homme en bleu met alors des gants et m’attrape par la mâchoire, me forçant à le regarder alors même que mes cheveux indomptables m’empêchent de voir ce qu’il y a devant moi.
- Qui t’as fait ça ? - J-Je ne sais pas… - Réponds !!! Ou la prochaine fois ce sera bien pire. - Mais comment voulez-vous que je m’en souvienne !
Je lui crache du sang au visage et tâche par la même occasion son bel uniforme bleu. Comme s’il était contaminé, il recule en criant sur les autres hommes pour qu’on lui apporte de quoi se nettoyer. Je suis fatiguée, éreintée, je n’en peux plus. De toute cette violence, de ces mots qu’on veut m’arracher mais que je ne peux dire. Qu’attend-on de moi exactement ? Pourquoi me frapper si je ne connais pas la réponse ? Ce n’est pas en me martyrisant que je vais la dire…vu que je ne la connais pas ! Et j’ai beau chercher dans mes souvenirs, les seuls qui me restent sont ceux qui tournent en boucle dans ma tête. Les souvenirs affreux qui vous donnent envie de vomir ou vous font pleure parce qu’ils représentent des choses perdues, passées…Mais pas une seule fois j’ai gardé en tête le nom de l’enseigne du bâtiment dans lequel je suis allée me faire ce tatouage. Je n’ai jamais cherché à garder en souvenir le nom ou même le prénom de la personne qui m’a coloré la peau de noir et de rouge à l’aiguille pointue. Pourquoi ? Personne ne le fait. Personne…Et moi on me demande de m’en souvenir ?
L’homme en bleu revient vers moi et les coups pleuvent encore. Je ne réagis plus, ma têt retombe mollement sur mon corps et je sens un liquide couler le long de mes mains, créant des « ploc ploc » répétitifs dans la pièce silencieuse. Je cligne des yeux, essaye de relever la tête, de paraitre…humaine. J’aurai peur de me regarder dans une glace à présent. Toute cette force que je me suis donnée il y a à peine quelques minutes, j’ai du mal à la garder. Je vais retomber dans cette spirale de dépression dans laquelle ma meilleure amie m’a poussée. Non, je ne veux pas que ça arrive. Je veux vivre moi aussi !
- Une dernière fois, qui t’a fait ça ??? - U-Un homme…dans mon village…je ne me souviens plus de son nom. Ivan je crois.
J’invente. Je dis n’importe quoi. Je ne supporte tout simplement plus les coups. C’était un homme, de sûr. Mais le nom je l’ai sorti de nulle part. Ivan ? Personne de mon entourage ne s’appelle ainsi. Cependant ça les fera chercher un bon moment avant de revenir me voir et là peut-être que j’aurai trouvé une solution à tout ce cauchemar, ou qu’au moins je serai un peu plus forte pour les affronter.
- Qui t’a dit de le faire ? - …eh ? Personne ! J’en ai eu envie c’est tout. J’ai le droit non ? - Personne…tu mens, tu es perfide, comme ton géniteur Satan !
Que… ? Mais…qu’est-ce que ça veut dire ? Mon père est loin d’être une créature mythique qui, par définition, n’existe pas ! C’est quoi cette insulte complètement vide ?
- Vous êtes timbré. Votre histoire de démon c’est du n’importe quoi ! Mais ouvrez les yeux ! - Ne me parle pas sur ce ton ! C’est un de tes ruses d’être démoniaque pour me tromper mais je ne me laisserai pas avoir ! Toi et les tiens seront brûlés pour avoir aidé le Diable à prendre possession de nos terres et nos esprits.
On peut dire qu’à ce moment-là, mes yeux ressemblent à deux soucoupes volantes. Si j’ai entendus des conneries dans ma vie, celle-là gagne haut la manche ! Je n’en reviens toujours pas de ce que je viens d’entendre. Est-il sérieux quand il dit ça ? Non, c’est une blague, une mauvaise blague…Personne ne peut PENSER ça ! Quoique…finalement ça ne m’étonne plus trop. Cependant je ne comprends pas pourquoi on me pose cette question à moi…Eh, je ne suis quand même pas la seule Tatouée ici hein ! Je suis une des dernières arrivées en plus…mais peut-être que tout le monde avant moi y est passé justement. Est-ce un contrôle de routine que de demander aux Tatoués où ils ont fait ça ? Je pourrai demander à ce japonais…mais non. Non, je ne le ferai pas. Tant pis, je resterai dans le flou.
- Ecoute-moi bien espèce de déchet humain adorateur du Mal, tu n’es rien ici, tu n’as plus aucun pouvoir. Alors on te fera cracher tout ton venin et tomber tous tes amis avec toi jusqu’à ce qu’on atteigne ton géniteur et qu’on détruise toute trace de son passage sur Terre. Je n’en ai pas fini avec toi.
Son ton glacial et horrifiant me statufie et je ne pense même pas à répliquer quelque chose. C’est fou ce qu’on peut mettre dans le cerveau des gens…je n’aurai jamais cru autrefois pouvoir entendre quelqu’un me dire ça, à moi ! Je ne suis pas une sainte certes, mais pas une délinquante non plus. Et puis c’est surprenant en même temps que ça fait peur et inquiète. Que pense-t-il d’autre ? Que lui force-t-on à penser ? Parce que c’est ça n’est-ce pas ? Il est endoctriné dans une façon de penser et voir les choses bien spéciale et horrible. Inhumaine. Et dire que presque la moitié de la population est ainsi…Le monde court à sa perte, assurément, avec des gens comme ça qui seraient prêt à tuer pour une conviction. Quoiqu’on veuille faire pour le sauver, ce serait inutile pas vrai ? Personne ne peut rien à ça…ça fait peur. J’ai peur. Je ne veux pas le montrer mais c’est le cas. J’ai peur, j’ai la trouille. Une méga trouille. Est-ce que c’est ça, ce sentiment que bientôt ce sera la fin ? Je suis jeune, trop jeune pour mourir. Pourtant, quand je croise le regard haineux de cet homme, j’ai bien l’impression que c’est ce qui va arriver. Tout autour de moi n’est que mort et agonie, est-ce que bientôt celles-ci m’emporteront aussi avec elle ? Est-ce que cette boule dans mon ventre est signe que je sais la fin proche ? Pourquoi j’ai l’impression à présent que, quoique je fasse, ce sera la dernière fois ?
- Ramène-la, on en a plus besoin pour l’instant.
Quelle gentillesse…ai-je envie de lui dire mais je me retiens. De toute façon je suis bien trop affaiblie pour tenir tête à trois hommes dont deux d’entre eux font le quadruple de mon poids ! Ces derniers enlèvent les liens à mes poignets et me les attrapent d’une main ferme pour me tirer vers l’extérieur, me faisant gémir de douleur. Ça fait si mal…j’aperçois la petite flaque de sang juste derrière la chaise qu’on créé mes poignets déchirés. Ces gens ne connaissent-ils rien d’autre que la douleur des autres pour avoir ce qu’ils veulent ?
On me ramène à la cellule, le petit garde blond est toujours là. Je le vois prendre une inspiration en me voyant et il ne me quitte pas des yeux alors qu’il referme la porte derrière moi. Je croise un instant son regard et il me fixe longtemps avant de baisser les yeux et de retourner à son poste. Impassible, comme toujours. Moi, je me retourne vers la pièce sombre qu’éclaire à peine la lumière faiblarde du couloir et sens les larmes monter alors que Célia me regarde avec le même air dégoûté que le Fidèle un peu plus tôt. Est-ce fini ? Est-ce ainsi que ça va s’arrêter pour moi ? Détestée de ma meilleure amie, seule, enfermée dans une prison insalubre avec le corps plus meurtri qu’un soldat revenant de guerre ?
Mais ai-je seulement le choix ?
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| | | Midouu I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Jeu 1 Nov - 11:30 | |
| Oh! La suite est là, j'avais même pas fais gaffe! Je lis tout ça dès que j'ai un moment et je viendrais commenter. :3 |
| | | Biditoche I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Jeu 1 Nov - 11:31 | |
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| | | Kasashi I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Jeu 1 Nov - 22:30 | |
| Aaaah! La suite! >w< Je suis trop contente! Raaah! Je vais t’étriper à toujours t'arrêter dans des moments comme ça! >.< En tout cas, j'admire ton style d'écriture, c'est vraiment fluide puis il y a beaucoup de vocabulaire, j'adore! ^w^ |
| | | Biditoche I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Jeu 1 Nov - 22:31 | |
| Merciiiiiiiiiii je fais de mon mieux ^^ |
| | | AibMasaRo I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Jeu 1 Nov - 23:50 | |
| Je viens de réaliser que j'avais encore pas eu le temps de lire ! :0 Heureusement que je l'ai quand même fais avant de partir.
Bon franche, j'adore, comme d'hab. A chaque fois que lis je m'imagine regarder un film avec cette histoire, ce serait juste trop bien - et hyper flippant étant donné que je flippe pour un rien XD J'ai hâte que ça avance pour voir comment ça se passe lorsqu'ils vont essayer de fuir, mais je suppose que pour ça il vont d'abord convaincre Emmie non ? Et tiens Aiba il est où ? Il est mort ?... :'( Nan parce que Nino va pas vouloir partir sans lui si ? |
| | | Midouu I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Mar 6 Nov - 18:31 | |
| J'adore comme d'habitude! :3 C'est vraiment bien écrit.^^ Viiiiite, la suite ! Je veux trop voir comment ils vont s'enfuir et s'ils vont réussir. |
| | | Biditoche I'm Nutty Girl
| Sujet: Re: La Marque de Lucifer [Aimiya ; Juntoshi ; Sho/?] Mar 12 Mar - 17:10 | |
| La suiiiiiite :D avec 3 points de vue différents ! Dont un que je fais peu...mais qui là m'a inspiré XDDD bizarre, pourtant ce pairing n'est pas mon préféré au contraire...BREF ! Bonne lecture ! Chapitre 11 - Spoiler:
Aiba
Rouge sur blanc. Blanc sur rouge. J’ai rarement vu deux couleurs se marier aussi bien tout en étant porteuse d’une réalité et d’une souffrance trop dures à supporter. Le rouge devient marron avec le temps, ou noir, ça dépend. Alors que le blanc, lui, l’est toujours. 4 murs. 1 plafond. Tous blancs. Couché sur le dos, je me demande comment c’est possible qu’ils restent aussi propres alors qu’à part moi personne ne reste ici. Ah, peut-être pendant que…
Mon cœur se serre et j’ai envie de vomir. Pourquoi penser à ça ? Pourquoi ne pas plutôt continuer de m’imaginer vivre dans un cauchemar qui bientôt prendra fin ? Oui, bientôt je me réveillerai dans mon lit douillet et, sans faire exprès, je cognerai Kazu qui me râlera dessus avant de me prendre dans ses bras pour me signifier son pardon. Je sais que je devrais faire attention, j’en ai bien conscience. Mais après l’effort il y a toujours le réconfort, et j’aime ce réconfort-là. M’en souvenir fait apparaitre des papillons dans mon ventre en même temps qu’une sourde douleur transperce mes reins.
Kazu…
Son visage dans ma tête s’intensifie de plus en plus avec les jours qui passent. Comme si, dans ma tentative de tout oublier pour supporter, il résistait, cherchant à se faire présent. Tournant la tête, je le vois couché près de moi sur le ventre, son visage à quelques centimètres du mien et ce petit sourire mesquin aux lèvres alors que dans ses yeux se reflètent notre amour mutuel. Dans un pur effort physique, je plie le bras pour que ma main caresse sa joue mais elle n’atteint bientôt que du vide. Oui, tout est vide autour de moi. Je me suis encore fait avoir par mon imagination !
Je me concentre pour le faire réapparaître mais c’est vain, comme tout le reste. Il ne revient pas, il est loin de moi. Invisible à mes yeux. Et je sais que ce sera toujours ainsi maintenant. Il m’arrive parfois de croire encore que tout peut se résoudre, que j’ai une chance de tout régler, que ma résistance sera un jour récompensée. Mais ce ne sont que des brefs moments d’optimisme et la réalité me rattrape. Sûrement suis-je en train de me faire punir pour une vie antérieure malveillante…Tiens, que serais-je dans ma prochaine vie ? Qui serais-je ? Un chien ? J’aimerai bien être un chien. Ou un chat, c’est bien aussi. Un animal de compagnie. Peut-être qu’ainsi je n’aurai pas à subir tout cela. Peut-être que dans notre prochaine vie, Kazu et moi serons ensemble sous forme animale. Ce qui n’est pas génial, certes, mais c’est mieux que rien non ? Ou alors on ne se connaîtra pas du tout. Après tout, si je n’étais pas avec lui aujourd’hui voilà longtemps que j’aurai succombé au traitement qu’on me fait subir. Cette chose qui me lacère le corps et l’esprit tous les deux jours. Dois-je le remercier pour ça ? Ou le maudire de me garder ainsi en vie ?
Des pas. Je les reconnais. Mon corps aussi. Il s’en souvient, il en tremble. Je ne peux pas l’arrêter, tout comme je ne peux pas les arrêter. Ils vont venir me faire du mal, je le sais. Mais je reste simplement couché sur le dos.
Entre 4 murs et un plafond. Blancs. Toujours aussi blanc. Et moi, rouge. De plus en plus rouge. Du rouge qui tire sur le marron, et le noir parfois. Blanc sur rouge. Rouge sur blanc.
Sho
Emmie est revenue encore plus en sang que la fois précédente. Dans la pénombre je distingue son visage tuméfié et ses bras écorchés. Le tableau me donne envie de vomir, tout comme l’odeur mais je me retiens bien sûr. Elle n’a pas besoin qu’on réagisse ainsi, sinon quelle sera sa réaction ? Moi je ne le supporterai pas. La pauvre, elle est déjà en train de se faire rejeter de tous les côtés…je n’ai pas envie d’être à son opposé. J’ai pleinement conscience que je me suis mis dans un gros pétrin relationnel avec elle, contre mon gré je ferai remarquer, mais j’ai envie d’arranger les choses. Ce baiser…au fond, que voulait-il dire ? Pas grand-chose sûrement. Sur le coup c’était agréable c’est vrai, j’en avais eu envie et si je devais refaire les choses…et bien je l’embrasserai à nouveau. Mais ce n’est pas comme si j’avais eu le coup de foudre non plus…disons que je me suis laissé emporter et que c’est arrivé, voilà tout. Seulement elle, elle ne le voit pas ainsi apparemment…pourtant je suis l’un des moins méchant dans cette cellule ! Et elle me voit comme une menace, c’est sûr…Quel idiot quand même, je ne peux m’empêcher de me le répéter des tonnes de fois.
Je soupire, accablé. Ma résolution d’il y a quelques minutes s’est comme envolée et lorsque je regarde Jun, j’ai de la peine pour lui. Je ne suis pas le grand-frère qu’il lui faut, je ne suis rien. Je n’ai même pas le courage de le soutenir dans son entreprise, je me dégonfle au moindre problème qui s’offre à moi…est-ce qu’au moins je mérite de vivre ? Il me frapperait s’il apprenait que je me posais de telles questions. Je sais que ce n’est pas judicieux de le faire, mais je ne peux m’en empêcher cependant. C’est tellement dur, tellement…de pression sur nous, et pas seulement physique ! C’est surtout moral, psychologique. Et nous sommes beaucoup à y succomber, c’est le pire ! Mais comment faire autrement quand tout est organisé pour faire en sorte que nous flanchions ? J’aurai des tonnes de questions de ce genre à poser…mais à qui ? Non en fait je voudrais avoir les responsables de toute cette misère et, en les regardant droit dans les yeux, je leur ordonnerai qu’il m’explique pourquoi ils font ça. POURQUOI ? Pourquoi tant de haine et de violence ? Pourquoi chercher la différence plutôt que la similitude ? Nous sommes tous pareils d’une manière ou d’une autre…alors pourquoi remarquer les petits défauts et ignorer ce qui fait de nous…des humains ? Est-ce qu’on peut les considérer comme des humains, à répandre autant de violence et de sang sur leur passage ? Est-ce qu’ils savent au moins ce qu’ils font ? Oh oui…mais le plus étonnant dans tout ça n’est pas ce qui passe par la tête de ces trois fous, mais plutôt ce qui passe dans celle de ceux qui les suivent comme des toutous bien dressés. Ça, je ne l’ai jamais compris. Si tout le monde était contre eux, cette tyrannie serait finie depuis des mois. Mais au contraire, de plus en plus de gens se ralliient à eux…mais dans quel but ? Pourquoi ? Aaaaaaaarg j’en ai marre de me poser autant de questions qui finissent sans réponse ! J’aimerai arrêter de penser surtout...A croire que dans notre monde actuel il est non conseillé d’avoir un cerveau en état de marche…Ahah, sommes-nous revenus au stade d’animal sauvage ? Encore une question sans réponse. Vraiment, il faut que je me trouve une autre occupation.
Tiens…je serai bien allé aider Emmie à se débarrasser de tout ce sang qui commence à sécher sur sa peau mais…je n’ose pas. Dès que je bouge elle me regarde bizarrement, comme si j’allais l’attaquer et tenter de la manger. Comme dans la savane. Enfin…une savane avec des barreaux ! Quel humour…je m’étonne moi-même parfois ! Bon…je n’ai jamais été bon en blagues c’est vrai…peut-être que ça nous serait utile en ce moment, de rire un peu…mais de quoi ? Nous sommes tous aussi perdus et désespérants les uns que les autres…
- Sho arrête de soupirer ou je t’en mets une.
Souffle mon frère près de moi. Je me mords la lèvre en signe de soumission à sa volonté, je ne peux que le comprendre après tout. Il est déjà bien énervé comme ça, je n’ai pas besoin d’aggraver la situation ne faisant le mécontent qui ne sait pas ce qu’il veut. A la place je replie mes jambes et passe mes bras autour, pour enfin poser mon menton sur mes genoux. J’aime bien cette position, elle m’apporte le peu de chaleur que mon corps possède encore et me donne l’impression que rien ne pourra m’arriver. Comme si, replié de la sorte, rien ni personne ne peut m’atteindre. C’est faux bien sûr et une part de moi le sait, mais on a tous besoin d’un réconfort à un moment ou à un autre et chacun cherche le sien de façon différente. Moi il est là, mon réconfort personnel. J’ai besoin de chaleur corporelle pour me sentir bien mais cette prison n’est que froideur et mort. Alors pour le réconfort on repassera !
- Sho. - Mmmh ? - Sho j’ai besoin de toi là alors sors de là et sois attentif. Il faut qu’on parle sans se faire repérer.
Je sors ma tête de sous mes bras et le fixe alors avec attention. Je crains ce qu’il va me dire en même temps que je sais très bien quel sera le sujet de ses futurs propos. La fuite, évidemment. Toujours. A croire qu’il ne pense plus qu’à ça maintenant ! J’ai peur que cette initiative lui fasse du mal. Vivre dans le complot n’est pas bon pour la santé, n’est-ce pas ?
- Quoi ? - Il faut trouver un moyen de parler avec le garde.
Un rire nerveux sort de ma bouche tellement je trouve cette idée…absurde. Non. Farfelue. Comment veut-il arriver à une telle chose ? C’est impossible ! Tout comme sortir d’ici de toute façon !
- Je rêve ou tu es en train de te foutre de moi ?
Le ton sec de Jun me donne soudainement moins envie de rire et ses yeux sérieux me glacent. C’est une personne peu adepte des blagues de ce genre, je suis le mieux placé pour le savoir après tout !
- Je ne me moque pas de toi Jun. Je…c’est nerveux, excuse-moi. Mais tu sais ça me parait toujours improbable d’arriver à une telle chose ! - Improbable peut-être mais pas impossible ! Je trouverai un moyen ! Ce qu’il faut savoir tout de suite c’est lequel d’entre nous ira lui expliquer et tenter de le convaincre. - Pas moi, dis-je tout de suite.
Mon frère hausse un sourcil. Ce simple geste traduit très bien ma couardise et ma peur. Je ne suis pas à l’origine de ce plan, il est donc hors de question que j’y aille ! N’est-ce pas logique ? Ou alors je me cherche juste des excuses…
- Enfin…je veux dire que l’idée vient de toi et ce mec là-bas, alors…il serait bien mieux qu’un de vous deux, ou vous deux, y alliez pour tenter de le mettre de notre côté. Toi tu es concis et ferme dans tes décisions, et lui il saura peut-être le convaincre autrement. A cause…je ne sais, de ce qu’il s’est passé avec son compagnon ! - C’est fou comme quand il faut fuir, tu as tout de suite de meilleurs arguments ! - Mais je n’ai pas tort, et tu le sais. Je ne suis pas le mieux placé pour convaincre un garde de renier ses « croyances » pour venir en aide à des prisonniers qu’il ne connait ni d’Eve ni d’Adam ! - Parle moins fort !
Sans m’en rendre compte j’ai élevé la voix et la crainte qu’on se fasse repérer me saisit la poitrine, coupant mon souffle quelques secondes. Comme si ça pouvait y changer quelque chose ! Heureusement personne ne semble vraiment s’en rendre compte. Ces prisonniers sont des larves…
Un sentiment de lâcheté mêlé à de la culpabilité m'envahit. Je me sens si nul comparé à mon demi-frère, toujours prêt à défendre son honneur et sa personne. A côté je ne suis qu'un mouton qui suit et se laisse faire, offrant son dos pour qu'on le fouette. N'est-ce pas dégoûtant ? Et même quand j'ai l'opportunité de changer les choses comme maintenant, je ne fais rien. Je reste là, je dis non, je me recroqueville avec la peur de faire une erreur qui me coûtera la vie. Mais quelle vie au juste ? Est-ce qu'on peut appeler ce que j'endure chaque jour une vie ? La mienne ? Que vaut-elle ? Rien, alors pourquoi est-ce que je ne pourrais pas tenter de la changer, comme les autres ? Parce que j'ai peur, j'ai la trouille. Je ne veux pas mourir, même si je ne veux pas continuer ainsi non plus. Je veux vivre, c'est clair, mais pas à n'importe quel prix non plus. Je veux être sûr que si je participe à ce plan, il fonctionnera et que j'en ressortirai plus grand, et surtout vivant. Libre. Mais quoi...je sais très bien que ça ne se passera pas comme ça. Sans vouloir paraître pessimiste, des tas de personnes ont essayé avant nous. Le résultat ? Pas un n'a réussi, ou si c'est le cas il n'est pas là pour le raconter. Pour nous dire comment il a fait, ce qu'il a vécu et à quel prix. Nous ne sommes pas mieux que les autres. Nous ne sommes pas plus gentils, plus généreux ou plus sages. Notre vie n'est pas un modèle, en tout cas pas la mienne. Il n'y a donc aucune raison que ça réussisse pour nous, plutôt qu'un autre. Dieu ? Si vraiment il était là et s'il aimait les Hommes comme certains le disent, alors il ne laisserait pas les 3/4 de la population mondiale dans cet Enfer. Si un jour quelqu'un arrive à me prouver que cet être supérieur existe réellement, il ne fera que me prouver au passage qu'il ne fait que s'amuser avec les pantins que nous sommes et au lieu de nous aimer, nous déteste. Ce serait un pur sadique, dans mon esprit. Qui s'amuserait à se faire s’entre-tuer des humains ainsi, sans pitié ? Parce que quoi qu'on veuille bien en dire, on en est exactement là. Des gens sont plus forts que d'autres, plus "organisés", ils ont réussi à prendre le dessus et martyrisent les autres sans une once d'âme. Qu'ils en aient serait étrange ! Je me souviens que la seule perspective que cette situation devienne réelle me faisait bien rire, il y a quelques années. Je pensais "l'Homme est plus évolué que ça, il a appris de ses erreurs et du passé ! Il ne tombera pas aussi bas...". Stupide. Idiot. Con. C'est ce que je suis. Ce que j'étais auparavant alors que j'étais sur mon petit nuage de vie à ne me soucier de rien d'autre que de ma voiture qui refuse de démarrer ou mon frère qui fait encore des siennes. Je me demande encore comment j'ai fait pour ne serait-ce que penser ainsi. Mais c'est facile, après tout. Facile de se bercer d'illusions grotesques qui, quand la vérité éclate, quand tout devient noir et sombre autour de vous, ne deviennent plus que des choses inutiles qui vous font du mal. Je n'avais jamais été si pessimiste, avant. C'est venu depuis que tout ça a commencé. Peu à peu j'ai cessé de croire en la chance. Cette traîtresse n'avait plus lieu d'être. Le bonheur aussi est un fourbe. Il te fait croire des choses, miroiter un bout de vie parfait avant de tout te reprendre et s'enfuir comme un voleur. Ce salop a disparu depuis. On ne l'a plus jamais revu.Le reverra-t-on un jour ? Lui et sa compagne qu'on nomme la liberté ! L'un comme l'autre ont disparus de la surface de la Terre pour ne laisser que la désolation, la mort et la souffrance. Eux aussi, ils ont baissé les bras, ils ont été lâches en voyant que la domination et la peur prenaient le dessus sur eux, un peu plus chaque jour. Pourquoi m'en vouloir de ne pas arriver à remonter la pente alors qu'il n'y a aucune aide pour cela ? Même l'espoir a disparu...Enfin...je n'arrive pas à dire si la lueur dans les yeux de Jun relève de l'espoir ou de la folie. La frontière est apparemment mince entre les deux et je crains fort que ce ne soit en réalité que folie. Je soupire, désolé que cette folie ne m'envahisse pas moi aussi. Si c'était le cas je le suivrai ! Même jusqu'au bout du monde, jusqu'à la mort ! Si seulement je pouvais y croire. Et en même temps j'ai l'impression de tout plomber avec mon pessimisme et ma tête de déterré qui ne croit en rien, sinon en la Mort. Pas étonnant qu'il veuille partir sans moi, je ne suis qu'un poids...ou son équivalent. Il m'arrive parfois de vouloir que tout ça prenne fin une bonne fois pour toute. Une fois mort, on n'aura plus à supporter tout ceci : cette souffrance, cette peur, cette pression sur nos épaules à chaque fois qu'on entend des pas résonner dans le couloir. Un nouvel arrivant ? Un général venu pour nous dire que l'un de nous doit être sacrifié "pour la bonne cause" ? Un changement de garde ? Ou juste un prisonnier qui a réussi à sortir de sa cellule et court comme un dératé dans les couloirs avant de se faire abattre comme un animal ? La liste est longue, les exemples la remplissent. Il existe des quantités de façon de mourir ici. Je pense que si je devais en choisir une, ce serait...la mise à mort. Une balle dans la tête, basta. Pas de souffrance, si c'est bien fait. Généralement on ne se loupe pas dans ce genre d'exécution. Mais ça vaudra mieux qu'une mort douloureuse par blessure grave ou une mort lente par hypothermie. Il fait tellement froid, et nous sommes à peine couverts...
Une porte claque, je sursaute. Je me rends compte qu'à côté de moi, Jun est toujours en train de parler. Je m'en veux parce que j'étais tellement plongé dans mes pensées que je ne l'ai pas écouté. Surtout que ce qu'il doit dire doit être important, vu l'air grave et sérieux qu'il affiche. Comment faire pour rattraper le coup ? J'affiche un air intéressé même si la plupart des mots sortant de sa bouche rentre dans une oreille et ressorte par l'autre, sans possibilité d'être décodées entre temps. Je ne sais pas si c'est la température qui joue ou quoi, mais j'ai l'impression que mon cerveau tourne au ralenti. Voir qu'il est carrément stoppé ! Comme si les rouages ne fonctionnent plus ou se sont mis en grève. Je dois avoir un aide idiot à le regarder ainsi sans comprendre ce qu'il raconte. J'aimerai que ce ne soit pas comme ça, vraiment. Mais là...c'est totalement au-dessus de tout ce que je peux faire. Cette petite balade dans mon cerveau et dans mes pensées m'a complètement rendu imperméable à toute conversation sensée ! Plus idiot, je pense qu'on doit en mourir. Finalement mon demi-frère s'arrête de parler et se rassoit contre le mur, l'air énervé et excédé en même temps. Il plie ses genoux pour poser son menton dessus et évite de me regarder. Tous les deux nous savons que s'il le fait, il va me crier dessus et faire un scandale familial ici n'est pas le bienvenu !
- Tu n'écoutes même pas ce que je dis. Je sais que tu t'en fous de ta liberté, de tout ça ! Mais tu pourrais au moins avoir la décence d'écouter ce que j'ai à dire ! Ce n'est pas comme si ça m'amusait non plus tu sais. C'est pour nous que je le fais, pas pour me donner un genre. - Je sais, je suis désolé. J'ai...lâché en plein milieu et j'ai eu du mal à reprendre. Ne m'en veux pas. Tu sais bien que ça m'arrive, peu importe les circonstances ! - Sauf que là j'ai besoin de tes neurones Sho ! J'ai besoin que ton cerveau fonctionne et qu'il m'aide à trouver une tactique pour qu'on sorte d'ici ! - Je croyais que cette tactique, tu l'avais ? fais-je d'un air étonné.
C'est vrai quoi, il a toujours donné l'impression de savoir ce qu'il veut et ce qu'il fait depuis qu'il a pris cette initiative très risquée et mortelle.
- Bien sûr que non ! Réfléchis un peu...Je n'ai pas la science infuse et ce genre de chose ça ne s'organise pas en 2 minutes. J'ai...j'ai besoin de confronter mes idées avec quelqu'un et sachant qu'on n'a pas du tout le même point de vue sur la question, j'ai besoin de le confronter avec toi. - Avec...moi ? Mais je croyais que peu importe ce que je dis, ça ne t'ira jamais ? - J'ai jamais dit ça ! Mais ta façon de voir les choses, plus pessimiste et moralisatrice, me permettra vraiment de bien réfléchir sur mon futur plan afin qu'il soit parfait. Tu DOIS m'aider, t'as pas le choix. Alors concentre-toi un peu plus, ouvre les yeux, tend les oreilles et imprime ce que je vais te dire, ok ? - Ok ok, fais-je en ronchonnant un peu.
Je viens d'avoir l'impression de me faire engueuler par mon propre père ! Cela semble irréel, mais je n'ose pas lui dire qu'il tient ça de lui. Compte tenu de notre lien de parenté et de la raison qui fait que nos deux familles ont été séparées, je ne pense pas que ce soit judicieux. Sauf si je veux le mettre en colère. A méditer tiens. Jun peut être beaucoup plus efficace dans ce qu'il fait quand il est sur les nerfs que quand il est calme. Est-ce que l'énerver nous permettrait cependant de nous en sortir vivant ? Je ne pense pas. De toute façon il n'a pas besoin de moi pour se mettre en colère. La situation toute seule le fait très bien. Mon rôle serait plutôt de le contenir un minimum pour qu'il ne fasse pas de dégâts, autant autour de lui que sur lui. Je ne serai évidemment pas toujours là pour l'aider à s'en sortir et prendre à sa place. Je suis sûr qu'au fond, il en est conscient. C'est juste qu'il est trop orgueilleux pour avouer que sans moi, sans ma lâcheté, il n'aurait pas toute cette force. C'est en voyant les autres se dégonfler qu'on se révolte. C'est quand on voit les autres prendre tout à votre place qu'on se rend compte que quelque chose doit changer pour le bien de tous. Je sais que si Jun veut à tout prix sortir d'ici, c'est parce que oui il tient à sa liberté, mais surtout parce qu'il craint de refaire une autre bêtise et que je prenne à nouveau pour lui. Je mourrai pour mon demi-frère s'il le fallait ! Et ça aussi, il le sait très bien. Voilà pourquoi il essaye de me mettre dans le coup ! Pour que je sois et reste avec lui. Cela me touche évidemment, mais ça n'enlève rien de ma peur. A peine de ma lâcheté.
- Je t'écoute.
Nino
Ces deux-là ne sont pas discrets. Mais alors pas du tout. J'ai bien envie de leur dire de parler encore plus fort mais quelque chose m'en empêche. Ma tristesse peut-être. Ou alors ce vide qui m'habite et m'empêche de faire quoique ce soit d'autre que serrer très fort les barreaux durs et froids de la prison entre mes doigts gelés et guetter le couloir dans l'infime espoir de le voir passer. J'ai besoin de le voir, il me manque tellement. Non, c'est bien pire qu'un manque encore. C'est comme si on m'avait arraché quelque chose sans lequel je ne peux pas vivre. C'est quand il est parti loin de moi que je me suis rendu compte à quel point Masaki illuminait tout ce qui m'entourait, même quand le monde n'allait pas bien. Il avait toujours un geste ou une parole qui faisait toute la différence. Son sourire pouvait guérir de toutes les blessures. J'ai l'air idiot en disant cela mais si c'est ce que je ressens ? Qu'on me critique, je m'en fous. Les gens peuvent dire ce qu'ils veulent sur moi, tant qu'ils ne disent rien sur lui. Ils sont juste jaloux parce qu'ils n'ont pas trouvé cette personne qui, par la seule présence de sa main sur votre épaule, peut vous empêcher de faire un acte grave. La personne pour qui vous vous levez tous les matins parce que si elle n'était pas là, vous ne le seriez pas non plus. La personne qui donne raison à chacun de vos actes et qui, même si elle vous critique, ne peut pas vous rendre triste. Bon, peut-être que si. Mais jamais, même en faisant ses bourdes, jamais Masaki ne m'a rendu malheureux. Et aujourd'hui si je le suis, ce n'est pas de sa faute. J'ai l'impression parfois de ressentir tout ce qu'il ressent et la culpabilité me ronge, comme je sais que c'est aussi le cas pour lui. Le connaissant, il doit se dire que tout ça est de sa faute et qu'à cause de lui j'ai mal. S'il savait que je pense la même chose, il me ferait la tête. Cette adorable moue qui ne dure jamais longtemps parce qu'il est une personne trop belle et gentille pour en vouloir à quelqu'un. Même à Eux, ces connards, il leur trouverait des excuses pour leur comportement infâme et inhumain. Pour ça je lui en voudrais certes, mais ça ne veut pas dire que je serai malheureux. Au final, sa bonté me fait toujours sourire, même si elle m'inquiète parfois. Voire souvent. Il se laisse trop marcher dessus, comme avec mon ex. Est-ce qu'en ce moment c'est le cas ? Est-qu'il les laisse faire ce qu'ils veulent et après basta ? Je suis tellement fatigué, mais si en colère...C'est peut-être cette rage justement qui détruit autant ma santé. ça et l'environnement bien sûr. Mais surtout le fait qu'il ne soit pas à mes côtés. Pourquoi a-t-il fallu que ça tombe juste après notre arrivée hein ? Pourquoi pas avant ? Je sais, ça peut paraître égoïste. Mais dans ce monde si on veut survivre, il faut l'être ! Moi je n'hésite pas une seule seconde. Masaki lui n'y arriverait même pas j'en suis sûr.
Mon regard est attiré vers la femme qui était partie en même temps que lui mais qui est revenue beaucoup plus tôt, et en assez bonne santé, si on peut dire ça. J'aurai aimé que lui aussi revienne aussi vite mais la simple pensée qu'il puisse me rejeter tout comme cette fille rejette son amie m'est insupportable. Est-ce que je préférerai qu'il souffre plutôt qu'il se laisse influencer ? Bien sûr que non. Mais je ne peux pas dire non plus que le lavage de cerveau soit la meilleure solution parce que même avec ça, il restera enfermé ici avec juste des promesses...et rien d'autre. Pas même le souvenir de toutes ces années qu'on a passés ensemble. A peine se souviendra-t-il vraiment de moi et si c'est le cas, je ne serai au final qu'un parasite. Je n'ai pas envie d'être un parasite à ses yeux. Je ne veux pas qu'il souffre non plus. J'en sais RIEN ! Rien n'est bien en fin de compte ! C'est ou la souffrance psychologique, ou la souffrance physique. Qui est bien placé pour dire que l'une est mieux que l'autre ? Personne. Absolument personne. Et surtout pas moi.
Je me dessèche comme un crapaud au soleil. Belle image n'est-ce pas ? Pourtant il fait assez humide dans cette cellule... Mais ma gorge est aussi sèche qu'un désert et j'ai l'impression que le moindre mouvement pourra la briser en milles morceaux. J'ai faim aussi. Quoique, avec le temps ça passe. Je ne cherche même pas à savoir quelle heure il est ou quel jour nous sommes. A quoi bon ? Moi tout ce que j'attends c'est le retour de Masaki. Et j'attendrais le temps qu'il faut. Des heures, des jours ou des siècles tant qu'on me promet qu'un jour je le reverrai. Si c'était comme ça, ce serait parfait. Mais ça ne l'est pas. Aucune promesse de retour. Seuls des cris parviennent à moi et ils sont atroces. Ils me déchirent les entrailles et le coeur comme le ferait un couteau bien aiguisé. Il n'y a aucune promesse...il n'y en avait pas, jusqu'à ce que ce mec vienne me voir. Un japonais, par chance. Les jours et mon obnubilation pour mon petit-ami a fait que je ne me souviens même plus de son visage ni de sa présence ici mais cette homme, quel qu'il soit, m'a fait cette promesse que j'espérais tant entendre. Qu'elle soit fausse serait bien sûr horrible mais au moins elle a été dite. Par quelqu'un d'autre que moi-même. Je ne le connais pas, mais qu'importe au fond. S'il peut me ramener à lui, j'emploierai tous les moyens qu'il faut. Je trouverai ce qu'il veut, je ferai ce qu'il veut. Tuer, courir, sauter ou crier, peu importe la tâche qu'il va me demander je vais la faire. Est-ce m'avilir ? Peut-être. Mais la cause est noble et pour moi justifiée. Je ferai tout pour ce mec bon sang ! Bien sûr je parle de Masaki...parce que le japonais, il n'est qu'un pont vers ce que je veux vraiment. Tout comme je ne suis qu'un jouet de son plan. Tant qu'il me donne ce que je veux...parce que s'il s'avise de me trahir et de ne pas me donner ce que je souhaite, à savoir la libération de Masaki et de moi-même, je n'hésiterai pas une seconde à le dénoncer et à faire de sa vie un enfer ! Pourquoi serait-on les seuls à en pâtir alors que l'idée vient de lui ? Qu'il ose me trahir seulement, et sa vie aura été aussi courte que la nôtre...
Tiens. Voilà qu'il m'approche. Je jette seulement un coup d'oeil. Ne me retourne pas trop. Ne pas éveiller les soupçons car sinon ce sera pire. Je reste de marbre mais je crève d'envie de savoir ce qu'il a à m'apprendre. Tout ce que j'espère c'est que ce n'est pas la nouvelle de l'abandon de notre évasion. Si c'était le cas...
& Chapitre 12 - Spoiler:
Emmie
Je relève les yeux. Ma vision, floue d’abord, s’éclaircit peu à peu. Ils s’habituent à la pénombre de la cellule. La vie me rattrape. J’étais dans un état comateux jusqu’alors, un état qui me plaisait. Je ne sentais plus rien, ne voyais plus rien, ne ressentais plus rien. Imperméable à la douleur, à la tristesse et à la déception. Voilà trois choses qui font le plus gros de notre quotidien. De mon quotidien. Combien d’heures ont passées ? Je ne le sais pas. J’ai juste envie de m’éteindre. Oui, m’éteindre. Me coucher, fermer les yeux, m’en aller. Je ne bouge pas. Le moindre mouvement réveillera la douleur de mon visage et de mes poignets. Rester comme ça, immobile, c’est s’autoriser à vivre un peu plus longtemps. Ma patience cependant vient au bout de moi-même et je prends une grande respiration. Erreur. Quelque chose se bloque dans ma gorge. Je tousse pour l’enlever. Sang. Par chance la petite n’a rien vu. Elle est si innocente, je me demande comment elle finira, elle. J’aimerai tellement qu’elle survivre, mais qui y arrivera ici ? C’est perdu d’avance ! Célia, dans son coin, semble attendre encore et toujours quelque chose qui ne vient pas. Ne viendra pas. Sa simple vue brouille la mienne. Les larmes sont plus fortes que ma raison et coulent silencieusement sur mes joues. Je les essuie, laissant une traînée de sang s’apposer sur mon visage. J’ai mal. Tellement mal…pourtant j’ai parfois l’impression de ne plus rien ressentir. Etrange non ? Je souffre sans souffrir. A force, peut-être que tout ce traitement sera inutile ? A force de côtoyer la douleur, elle et moi serons amies. De toute façon j’ai déjà l’impression qu’il ne reste plus qu’elle auprès de moi. Le reste…je me sens seule. Si seule. Auparavant, je pensais toujours que j’étais la fille la plus seule qui soit sans me rendre compte que j’avais mes parents, une très bonne amie…Aujourd’hui qu’est-ce que j’ai d’autre que la douleur ? Plus de parents, plus d’amie…plus rien qui ait de l’importance. Je donne l’impression de me plaindre sans arrêt mais à ma place, des tas de gens feraient pareils !
Je frissonne. Un courant d’air ? Étrange. Je regarde autour de moi, meurtrie, fatiguée mais toujours en vie. Malheureusement. Quelque chose attire alors mon attention. Quelqu’un, plutôt. Depuis que je suis là, je n’ai jamais vu personne se mêler ainsi, à part les quelques fois où ce japonais m’a importunée. Pourtant là, un Tatoué parle avec un Homosexuel…quoi de plus bizarre ? Ce ne le serait pas dans un autre monde, ici si. Malgré moi mon attention est attirée par leur conversation qui a l’air fort intéressante et pour laquelle ils semblent avoir de la passion. Une passion sérieuse néanmoins car leurs visages sont durs et ils ne sourient pas. Je n’entends rien, je voudrais entendre ce qu’ils disent. J’hésite à m’approcher, à ce stade ça ferait trop suspect n’est-ce pas ? D’ailleurs, d’où est-ce que je tiens cette soudaine curiosité ? Il ne faut pas que je m’en mêle. Quoique ce soit, ici, ça ne peut pas être bon. Je me recroqueville donc à ma place, résignée à n’être que la fille au tatouage pleine de sang sur sa peau et quasi morte. Mes yeux hagards en croisent alors d’autres. Moins sombres que les miens mais d’une vivacité étonnante pour la condition dans laquelle il vit. Comme depuis le tout début de cette histoire macabre, mes yeux sont tout d’abords attirés par le tatouage parcourant sa peau avant de se relever vers la personne elle-même. Ce Japonais, je ne sais pas ce qu’il me veut. Pourquoi il dit et fait tout ça. Pourquoi me regarder moi, une loque pareille ? Ça n’a aucun sens. J’aimerai qu’il arrête mais je n’ose rien dire. Il me fixe toujours, intensément, et je l’évite en reportant mon regard sur les deux autres hommes à l’air de conspirateurs. Ils trafiquent quelque chose, c’est obligé ! Mais pourquoi j’ai tant envie de savoir ? Il me regarde toujours, ça devient énervant. Stressant. Pesant. Que me veut-il bon sang ? Je lui fais un regard noir qui n’a aucun résultat. Il est toujours immobile, le dos collé contre le mur froid, assis en tailleur et les bras posés sur ses genoux. Il donne presque l’impression d’être mort. Ça se trouve…il est mort de froid ?! Non, il vient de bouger, ses yeux ont clignés. C’est juste qu’il est immobile, c’est tout. Tenace, le mec. Je ne m’attendais pas à ça. Je me prends alors au jeu, à celui qui va flancher le premier et baisser le regard. Je sais que je peux le faire et bizarrement, ça m’occupe pendant un long moment. Aucun de nous deux ne cède, infaillible et au fil des minutes, je vois un léger sourire apparaître sur ses lèvres. Ça le fait rire, moi aussi. Non, sans faire rire, c’est amusant. Divertissant. Ça nous permet de ne plus penser à ce qui nous entoure. Les complots, le froid, la douleur et la faim. La déception et la peur. Tous ces sentiments noirs et étrangement humains. Ils disparaissent au profit d’une soudaine complicité et d’une envie de s’évader du monde. Si ça dure longtemps, je n’en ai pas conscience. Nous luttons lui et moi pour finir vainqueur de ce jeu stupide qui, plus le temps passe, plus nous fait rire. Je vois des étincelles s’allumer dans ses yeux chocolat alors que moi-même, je me sens revivre un peu. L’amusement. C’était un sentiment que je n’avais pas ressenti depuis des lustres ! D’un certain côté, je lui suis reconnaissant de me le faire à nouveau ressentir.
Soudainement, le contact est rompu. Son demi-frère est revenu vers lui et a attiré son attention. Il a détourné les yeux. Il a perdu. J’ai gagné. Fin du jeu. Une déception m’envahit alors. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que ça s’arrête ? J’aimais bien faire ça…Je n’ose plus le regarder mais je le vois tout de même se déplacer légèrement vers les barreaux alors qu’un court instant, son regard se pose à nouveau sur moi. Je l’évite, parce que le jeu est terminé. Nous ne sommes plus que des étrangers l’un pour l’autre. Comme on dit…game over.
Nino
Pour moi la confiance a toujours été quelque chose qui se mérite. La seule personne bénéficiant de la mienne actuellement, c’est Masaki. Ma confiance pour lui est sans limite, tout comme mon amour. Alors la question se pose aujourd’hui : pourrai-je l’accorder à cet autre japonais ? A lui et à la personne qui l’accompagne. Ça me semble bien improbable de toute façon, même s’ils sont partants pour m’aider. Mais j’ai peur aussi qu’ils me roulent dans la farine et profitent de moi pour s’évader, laissant mon pauvre Masaki dans sa prison. Non, décidément je ne peux pas leur faire confiance. De toute façon je ne suis pas idiot non plus, ils ne me font pas plus confiance hein ! Tout ceci n’est qu’une entente cordiale pour sortir. Va-t-il y avoir des trahisons ? C’est bête de penser comme ça dès le début mais je ne peux m’empêcher de me poser la question. Il faut que je prévoie une sortie de secours au cas où ils me trahissent pour s’enfuir. Après tout pour survivre, un homme serait prêt à tout n’est-ce pas ? Moi-même si on me donnait le choix entre m’évader avec Masaki ou m’évader avec eux, le choix serait très simple…Je n’aurai presque aucun scrupule à les laisser à la mort. C’est un choix qu’il faut faire. Heureusement, ou pas, j’ai assez de tripes pour le faire ! Est-ce que ce serait me déshumaniser ? Je ne pense pas, puisqu’ainsi je sauve la personne que j’aime…
Bref, il est là pour me parler. A vrai dire je n’ai même aucune idée de comment on pourrait faire ça et ça m’étonne qu’il ait pu trouver aussi rapidement. Il a dit que son frère était intelligent. Peut-être, mais à quel point ? Et s’il est aussi intelligent qu’il le dit, pourquoi il ne vient pas expliquer tout ça lui-même ? Ah, j’ai compris…il y en a un qui domine l’autre. Le cerveau et le chef. Celui qui donne les idées et celui qui les met en place ! Rien de plus simple. Ça me fait même rire ! Je me déplace un peu sur la droite pour m’éloigner du garde blond sans paraître trop suspect non plus et nous arrivons enfin l’un à côté de l’autre. Son regard noir croise le mien et nous nous saluons en silence. A partir de maintenant, tout n’est que murmure et conspiration.
- Alors ? - Nous n’avons pas encore de plan bien structuré mis en forme, ce n’est pas faute d’y avoir réfléchi. C’est plus compliqué que ce qu’on pensait parce qu’on a aucune idée de l’architecture du bâtiment, des sorties et de ce qui nous attend dehors. Les souvenirs sont trop lointains, quand il y en a. - Je ne me rappelle que de la forêt. Des arbres. Et pas mal de couloirs. - Nous sommes donc tombés d’accord sur le fait que le meilleur moyen d’élaborer un plan d’évasion concret, c’est de contacter quelqu’un qui connait tous ces détails. - Lui ? fais-je en penchant un peu la tête sur le côté, en direction du garde. - Exactement. Il est le plus à même pour nous renseigner à ce sujet. Peut-être même connait-il des passages un peu plus secrets ou moins fréquentés ? - On en reste donc au stade de suppositions… - Eh, on fait de notre mieux de notre côté ok ? - Du calme, du calme…ce n’était qu’une constatation ! Alors la principale question qu’on doit se poser c’est…comment attirer son attention ? Comment le contacter ? - A ce sujet…j’ai déjà une idée. Douloureuse, mais elle pourrait marcher… - Je ne te suis pas. Explique.
Le jeune homme en face de moi se mord soudainement la lèvre et s’assit un peu plus correctement sur ma pierre couvrant le sol.
- Il faut que l’un de nous se fasse embarquer pour insubordination. La première fois c’est de cette manière que j’ai réussi à avoir un semblant de discussion avec lui. - Mais c’est super risqué ! Et suicidaire ! Et si c’est un autre garde qui donne la punition ? - Ça dépend de l’insubordination en question ! Si elle touche essentiellement ce garde-là, normalement c’est à lui de nous punir. Si j’ai bien compris, c’est ainsi que ça marche. Et la première fois, il a refusé de me fouetter alors… - Mais ça, c’était la première fois. S’il a pu le dissimuler une fois, deux ne passera sûrement pas ! Ça se verrait trop, tu te portes comme un charme… - On n’a pas d’autres solutions je te ferais remarquer ! Avec ça on peut avoir une discussion de plus de cinq minutes ! Cinq minutes c’est énorme ! - Je le sais bien. Mais si tant est qu’on choisi cette manière de faire, on ne pourra le faire qu’une fois. Répéter les punitions avec CE garde éveillerait trop les soupçons. Ce serait dommage de se faire mutiler à cause de ça, ou alors qu’on punisse ce garde parce qu’il leur parait corrompu. Parce que c’est ça qu’on veut faire, le corrompre non ? - Tu n’as pas tort. Alors, une autre solution ?
Le silence s’établit. Je sais au fond de moi qu’il a raison. C’est une des solutions qu’il nous faut envisager mais qui n’est pas la moins risquée. J’ai cependant envie de me baser sur son expérience de la prison et le croire. De toute façon, je n’ai moi-même pas d’autres idées qui soient plus alléchantes.
- Qui ira ?
Il ricane. Evidemment, personne ne voudra se proposer pour un tel boulot risqué ! Cependant je me dis qu’ayant déjà eu un contact de « pitié » avec lui, je suis peut-être le plus à même à le contacter…quoique…ce japonais aussi apparemment. Refuser de me fouetter ou donner de la nourriture supplémentaire, n’est-ce pas du pareil au même ?
- Moi.
Il a répondu avant que je ne le fasse. Je ne peux pas lui en vouloir, au contraire ça m’arrange ! Il fera la victime à ma place…et puis surtout il est le mieux placé pour lui parler de son envie d’évasion puisqu’il en est l’initiateur ! Je n’en aurai peut-être jamais eu l’idée ni le courage s’il n’était pas venu à moi…d’ailleurs, pourquoi ? Je me pose toujours la question parce que c’est flou dans ma tête. Ce mec est louche. Il va falloir que je fasse attention.
- Ok, toi alors. Quand comptes-tu le faire et que lui diras-tu exactement ? - Peut-être pas tout de suite, sachant que je suis déjà censé m’être pris des coups de fouet au derrière, ce serait difficile de s’en sortir vivant techniquement ! Ce ne serait pas crédible. Je vais attendre quelques jours et feindre de m’être rétabli avant de faire une nouvelle connerie. Je vais l’insulter ou je ne sais quoi d’autre. Il sera bien forcé, sous témoin, de me punir ! Plus qu’à espérer qu’il ne le fasse pas en public…et pour ce que je vais lui dire…
Il prit un temps de pause qui me paru considérable. Attendez….il n’avait même aucune idée de ce qu’il allait lui dire ? Sérieusement ? C’est vraiment risqué là ! Je le fixe avec sérieux, lui disant silencieusement que s’il ne trouve pas rapidement, il va entendre parler de moi. Non pas que je veuille lui mettre la pression mais…un peu ?
- T’en as vraiment aucune idée ? - Si bien sûr ! Je vais juste lui expliquer…que tout ça est injuste, que ce n’est pas ainsi qu’on devrait vivre. Tous. Lui et nous. Que je sais qu’il a autant envie que nous de s’en aller ici et qu’on lui donne ainsi l’opportunité de s’en aller à son tour. Que c’est risqué, qu’on pourrait tous en mourir…mais qu’on est trop libres pour supporter tout ça. Il devrait comprendre non ? Je vais lui dire aussi que là-bas, dans cette pièce je ne sais où, ton petit-ami se fait maltraiter alors qu’il n’a rien fait d’autre que d’aimer. S’il a un cœur, comme je le pressens, il comprendra que vous souffrez tous les deux. Et même si ce n’est que de la pitié, ça ira. D’une manière ou d’une autre, je le ferai flancher. - Tu…tu penses vraiment ce que tu dis ?
Je n’ai jamais compris à quel point il avait saisi ce qui nous liait, Masaki et moi, et à quel point j’en souffrais. Ce mec, finalement, n’est pas si idiot et casse-cou qu’il en a l’air. Même si c’est d’abord pour lui et son frère qu’il fait ça, il veut tout aussi bien nous aider. Il veut que tout cela cesse. Je me sens un peu coupable de n’avoir pensé qu’à mon couple jusqu’à présent. Au fond, il pourrait très bien faire ça tout seul pas vrai ? Sans moi. Sans nous. Il prend des risques à nous rajouter, à aller chercher Masaki là-bas. C’est sûrement mieux gardé que cette simple cage ! Et faire un détour est un énorme risque.
- C’est quoi cette question ? - Rien rien. Tu sembles certain de pouvoir y arriver. - Il le faut, nous n’avons pas le choix ! Je ne disposerai que de cinq minutes, dix tout au plus. Alors en attendant le jour-même, je vais réfléchir sérieusement à mes arguments… - Parce qu’il faut que ce soit du béton armé ? - Parce qu’il faut que ce soit du béton armé.
Je soupire. Tout ceci est épuisant ! Un moment de silence s’installe entre nous avant qu’il ne se relève un peu, se mettant à quatre pattes.
- On en a terminé pour l’instant non ? - Ouai…préviens-moi du résultat. - Evidemment. - Et…merci. Pour ce que vous faites. Je veux vraiment sauver Masaki. - On veut tous se sauver. Parfois il faut se serrer les coudes pour atteindre son objectif. J’espère que tout ça en vaudra le coup…
Oui, la déception en cas d’échec sera forte. Et si on échoue, on risque surtout de se faire tuer. Au final, la déception passera bien après la mort ! Il me fait un signe de tête entendeur puis va se rasseoir à sa place, attirant l’attention de son frère. Je suppose qu’il va maintenant lui raconter ce qu’on s’est dit ! D’ailleurs, celui-ci ne me parait pas trop convaincu par notre démarche. J’ai oublié de le mentionner à mon compagnon d’évasion, mais il ne faudrait pas qu’il devienne un poids mort parce qu’il ne croit pas une seule seconde à notre initiative…Ou alors est-il simplement la part de réalisme qui permet à deux êtres un peu dingues comme nous de rester un peu les pieds sur terre ?
Ohno
Des murmures. Toujours des murmures. Encore des murmures. Ils ne cessent pas. Est-ce que ça me fait peur ? Pas vraiment. Je suis juste curieux et surpris. Cette prison d’ordinaire calme abrite aujourd’hui de plus en plus de paroles cachées et de mots dissimulés. Des choses qu’on ne devrait pas entendre, que je ne dois pas entendre apparemment. Je ne dis rien, ne voulant pas leur causer de souci mais un autre garde que moi aurait déjà réagi depuis bien longtemps. Si je devais faire quelque chose, c’est leur dire de parler un peu moins fort…Mais je n’ose pas. Parce que celui qui parle autant, c’est celui que je redoute d’approcher. Je ne sais pas comment j’ai fait la dernière fois pour avoir eu l’audace de lui parler ainsi. Il m’intimide tellement alors qu’il n’était qu’en position de soumis ! Pourtant, dans cette salle, c’était tout l’inverse. J’aurai pu le fouetter, j’aurai dû même. Mais je n’ai pas pu. Je me suis senti si démuni face à lui que la simple idée d’un tel geste m’était et m’est toujours inconcevable. Je ne fais pas de mal aux êtres humains, je ne leur déchire pas la peau…et encore mois à cet homme-là. Je ne sais pas pourquoi, il me fait peur. Pas dans le sens où je suis juste mort de trouille, mais il est…imposant ? Charismatique ? Je ne saurais le décrire. Quand je le vois, je me sens tout petit. Tout petit petit petit…alors lever la main sur lui ? Jamais ! C’est comme s’il a trop d’importance pour que je fasse ça. Alors qu’il n’en a sûrement pas plus qu’un autre, pour moi. J’ai bien envie d’écouter ce qui se dit mais je risque de me faire voir. Et se faire voir c’est…mal vu ? En tout cas il parle avec celui accroché au barreau, celui à qui j’ai donné à manger. Comment se fait-il que les deux personnes à qui je suis venu en aide se parlent en chuchotant à présent ? Ça peut paraître suspect…mais pas pour moi en fait. Je ne suis pas forcément heureux que des liens se créent entre les prisonniers, ça arrive même rarement si ceux-ci ne sont pas arrivés ensemble. Mais ça fait toujours plaisir à voir qu’il reste un peu d’humanité en eux, comme parfois je me demande s’il en reste en nous, les gardes. J’aime à croire que je le suis encore pour ma part. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai accepté de les aider, ces deux-là. Avant je n’aurais jamais osé prendre ce risque. Donner à manger en plus, refuser de fouetter…je risque énormément à ne pas obéir, comme eux. Au final, être un garde n’est pas forcément mieux qu’être un prisonnier. Meilleure bouffe c’est vrai, meilleure santé, meilleure…vision de soi-même ? Sûrement que non. Je me dégoûte tellement à être là sans rien faire pour eux ! Je me demande parfois où est passée l’éducation que mes parents m’ont donné. L’ouverture d’esprit, la compréhension et le respect des autres. J’ai l’impression de ne respecter personne, même pas moi-même. Même pas mes parents, qui se sont toujours efforcés à me donner une vie meilleure alors que mon père n’était qu’un simple pêcheur…Je ne comprends pas pourquoi j’en suis arrivé là. A part la peur, je ne vois aucun sentiment qui m’y aurait forcé. Mais si je n’étais pas garde, que serais-je alors ? Un prisonnier moi aussi. Ou alors juste mort. Oui, mort je pense. Je n’ai aucune volonté. Je ne peux pas être un Résistant. Pas la niaque, comme on dit. Et je n’aurai jamais rien d’un Maudit. Pas Tatoué, pas percé, pas black, pas homosexuel…qui suis-je vraiment en réalité ? Je ne le sais même pas ! Et j’ai beau chercher, je ne vois pas de sens à ma vie. Je ne suis rien, je suis vide…je n’ai aucune importance. Même en tant que garde. Je reste des jours entiers devant cette prison sans rien faire, sans bouger. Je ne sers bonnement à rien. J’ai peur des gens qui sont dans ces cages. J’ai peur de leurs regards sur moi, de leurs avis, de ce qu’ils pensent de mes actions. Je sais qu’ils ne m’aiment pas et ça me fait du mal. Le mal…je ne suis pas bon pour le faire. Je le sais depuis longtemps ! Mais quand on vous appelle à faire partie de l’Armée, vous n’avez pas le choix. Il faut dire oui. C’est ça ou on vous tue. Je me demande s’il n’aurait pas mieux valu que je me laisse tuer, au final. Parce qu’ici, je suis comme mort. Je ne suis rien. Et j’ai tellement peur de ce que je pourrais être ! Je ne veux pas être là bon sang ! Moi aussi je veux m’en aller ! Je veux…je veux marcher dans cette forêt, m’asseoir au bord d’un lac et pêcher. Je veux dîner avec mes parents de la bonne viande bien grillée. Je veux me faire dorloter par Okaa-san parce que…parce que je l’aime tellement. Elle me manque. Ils me manquent. Je veux m’en aller. Ici ce n’est pas fait pour moi. Mais je suis idiot. Jamais je ne m’en irais. Je vais mourir comme mes prisonniers, entre ces murs. Parce que je n’aurai pas eu le courage de vouloir partir. Parce que j’ai trop peur. Je suis un lâche.
Les murmures ont cessé soudainement. Et les jours suivants, il n’y en a pas eu d’autres. C’est l’heure d’aller « manger », si c’est un terme que l’on peut employer pour ce qu’ils leur servent. Leur donner de la vraie nourriture aurait quand même été la moindre des choses…ah mais oui, ici on ne cherche pas à les maintenir en vie. Juste les faire mourir à petit feu pour les faire céder. C’est horrible. Dans ces moments-là, j’ose à peine les regarder. Ils deviennent tous si maigres…et cette petite fille ? J’en ai mal au cœur. Quelque chose me pousse soudainement contre le mur. Ou plutôt quelqu’un. Encore lui. Mais que me veut-il ? Je l’ai pourtant épargné la derrière fois, est-ce que ça ne lui suffisait donc pas ?
- R-Retourne avec les autres. - Sinon quoi ? - Retourne-y, c’est tout. Obéis. - Je ne vais pas t’obéir, merdeux. Regarde-toi dans tes beaux vêtements ! Ça va, tu te sens bien là ? A contrôler des pauvres gens comme nous ? Tu te sens puissant ? Ça te sert bien à compenser ton impuissance au pieu ? Tu veux de l’aide peut-être ? Qu’on te la prenne ou qu’on te prenne ? Avoue que tu adorerais ça hein ? A moins que vous ne vous satisfaisiez entre vous ! - Arrête tout de suite…ou j-je vais devoir te punir. - Me punir ? Ahah, la bonne blague ! T’es même pas capable de me tenir tête pauvre mollusque ! Regarde-toi ! Je parie que t’es puceau hein ?
Je rougie, encaissant les insultes, mais surtout ne les comprenant pas. Ça fait mal d’entendre une telle chose sortir de la bouche d’une personne qu’on a sauvé d’atroces souffrances, et que surtout on ne connait quasiment pas. Qu’ai-je fait pour mériter cela, à part être garde ? Et puis pourquoi ça me fait aussi mal que lui me dise tout ça ? J’en ai presque les larmes aux yeux. Idiot, il ne faut pas que je pleure ! Ce serait la catastrophe ! Je me ferais virer, tuer, emprisonner…comme le moins que rien que je suis !
- Allez réponds tafiolle ! T’as peur ou quoi ?
Il me pousse, je me heurte à nouveau contre le mur. Ma main droite frôle mon arme sans oser la prendre. J’ai la trouille. Je sens que je vais me pisser dessus ! C’est alors qu’un autre garde arrive. Plus imposant que moi, plus fort, plus cruel aussi. Il empoigne soudainement le jeune japonais par les cheveux et le tire en arrière alors que je fais semblant de me remettre d’une attaque surprise. C’est faux, je suis juste trop bête pour me servir de ce que j’ai sous la main. Ai-je trop de conscience ?
- Encore toi ?! - Laisse, je vais m’en occuper. - Et comment comptes-tu le punir Ohno ?
Son ton méchant et sadique me colle des frissons d’horreur dans le dos.
- La salle des tortures. Il y restera deux jours entiers. - Aaah pas mal ! fait l’autre avec un sourire plein de dents jaunes et puantes. All… - J’ai dit que je m’en occupais.
Je ne me suis jamais vu un ton aussi ferme. Mais il n’est pas pour la raison que croit mon « partenaire ». Je ne fais pas ça pour me garder la joie de faire du mal à ce jeune homme, mais plutôt parce que justement, je ne compte rien lui faire. Je veux…juste savoir pourquoi il a fait ça. Pourquoi il s’en est pris à moi. Et 2 jours en isolement avec moi comme seul garde me permettra de lui poser ces questions sans crainte qu’on vienne me déranger. C’est comme ça ici, quand on a un prisonnier, on en est seul responsable. Les autres n’y touchent pas avant qu’on ne décide de le relâcher parmi les autres. Pour une fois, je profite de ce système horrible. Malheureusement je ne peux pas lui laisser le temps de manger, et alors que mon collègue prend la relève pour les 15 minutes de déjeuner, j’emmène ma victime à la salle de torture. J’ai peur.
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