Biditoche I'm Nutty Girl
| Sujet: La promesse de nos 10 ans [Matsumiya] Lun 23 Juil - 10:41 | |
| Bonjouuuuuuuur~ Et voici le deuxième OS qui va avec "Danse pour moi ♥" ^^ et pour l'anniv' d'une amie :DDDD Bon il est TOTALEMENT différent XD pas la même histoire, rien du tout. Petite précision : dans cet OS il y a deux chansons. Ces chansons n'existent pas en réalité, vous pouvez les chercher où vous voulez vous ne les trouverez pas parce que...elles sortent de ma tête XDD Alors j'espère que vous les aimerez :3 n'hésitez pas à laisser un com, particulièrement dessus. ça me ferait énormément plaisir :DDDD Merciiiiii et bonne lecture (en plusieurs fois aussi xD) Partie 1 - Spoiler:
FLASHBACK
- On s’oublie pas, ne ? - Evidemment ! On est les meilleurs amis du monde n’est-ce pas ? - Mmh ! - Je t’attendrai et on ira au parc de jeu ensemble. - Hai !
Le jeune Matsumoto Jun, 10 ans, tourna la tête en entendant ses parents l’appeler et ses yeux se firent tristes.
- A très bientôt Nino, fit celui-ci en le serrant une dernière fois dans ses bras. Je reviendrai.
Le plus vieux des deux, mais néanmoins le plus petit le regarda partir, monter dans la voiture et disparaitre au coin de la rue. Au dernier moment, Jun passa sa tête par le carreau de la voiture et lui fit un grand signe du bras, un au revoir que l’un comme l’autre espérait temporaire. Et quand il n’y eu plus aucun bruit, le petit garçon se tourna vers la maison vide de son meilleur ami depuis sa naissance et pleura.
12 ans passèrent…
FIN FLASHBACK
Un homme d’allure américaine en costume noir traversa le couloir de l’avion, ou plutôt Jet Privé réservé à son protégé, une idole connue depuis maintenant 6 ans. Il s’assit à côté de lui et lui donna son verre d’eau citronnée qu’il but d’une traite sans un regard pour lui.
- Vous avez besoin d’autre chose Matsumoto-san ? fit-il en anglais, sa langue maternelle. - Non merci, lui répondit-il dans la même langue. Je vais me reposer.
Il sortit son ordinateur portable, le brancha au réseau du Jet et commença à naviguer sur le net, ranger sa boîte mail, répondre à des messages et regarder les infos, surtout le concernant. Il passa tout le trajet de New York jusqu’à Tokyo ainsi, sans parler ni demander quoi que ce soit, juste tapotant sur son clavier. Quelques heures plus tard, ils arrivaient à l’aéroport de Narita, bondé de personnes, fans surtout, qui n’attendaient que lui. Il mit ses lunettes de soleil, remit ses cheveux marrons coiffés à la coréenne et plissa son pantalon en cuir noir. Il n’y avait pas de place à l’erreur, un seul pépin et sa vie serait finie, là, sur le bitume d’un pays qu’il n’avait pas visité depuis 12 ans. 12 ans…
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12 ans… Il ne passait pas un jour, ni une semaine sans que Nino pense à son ami parti en Amérique. Et ça l’attristait en même temps qu’il était fier de voir comment il avait réussi à devenir respecté et une idole connue. Cependant…ça faisait plus de 5 ans qu’il ne l’avait pas contacté. A quoi était-ce dû ? N’y trouvait-il plus aucun intérêt ?
Le jeune homme chassa tout ça de ses pensées et continua à marcher jusqu’à l’aéroport où sa demi-sœur devait arriver d’ici quelques minutes. Il arriva ni en retard, ni en avance et se posta à l’intérieur, sortant sa DS de son petit sac pour jouer le temps qu’elle descende de l’avion. Ils s’étaient donné rendez-vous près du kiosque à journaux, comme d’habitude. La jeune femme arriva enfin, de deux ans son aînée et journaliste pour une petite entreprise. Elle se déplaçait souvent et il allait toujours la chercher pour revenir ensemble, manger un morceau et rentrer chez eux. Nino, lui, tenait l’épicerie de ses parents et s’en contentait grandement. Son père la lui avait cédé il y a de ça 4 ans, pour ses 18 ans et il s’en sortait très bien avec son aide. Donc sa demi-sœur arriva, toujours avec son air inquisiteur et ses yeux espiègles, identiques au sien. Elle lui fit une bise sur la joue et commença tout de suite à parler de son voyage. Comme d’habitude.
Quand soudain, une foule de personnes, surtout des jeunes femmes mais aussi des trentenaires voire plus, les bouscula ou presque les écrasa pour aller vers la piste d’atterrissage où se posaient les avions et autres engins des stars ou personnes célèbres. Sa demi-sœur, Maya, réussit à attraper une des filles qui se débattait comme une lionne pour se dégager de sa prise.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? - T’es conne ou quoi ? Tu ne sais pas que Matsumoto Jun est revenu au pays ??????? Juuuuuuuuuuun !!!!! fit l’adolescente en courant comme les autres femmes.
Sa demi-sœur se tourna vers lui, alors qu’il regardait dans le vide. Jun ? Son Matsumoto Jun ? Revenu au Japon ? A Tokyo ?
- Tu veux aller voir ? - Avec toutes ces furies ? Pas la peine. - Mais c’est ton meilleur ami. - Si c’était mon meilleur ami, il ne m’aurait pas donné aucun signe depuis 6 ans et aurait répondu à mes fréquents appels et mails. - Mais… - J’ai dit non Maya. - Et moi je dis oui !
La jeune femme le choppa par le bras et le tira malgré ses protestations. Qui étaient faibles plus il avançait vers le gros de la foule. Son cœur battait la chamade à l’idée d’enfin le revoir. Il avait attendu tellement d’années ! Assis sur la balançoire du parc, regardant l’autre balançoire vide où Jun s’asseyait toujours. Ils se frayèrent un passage comme ils purent et les bruits et cris des femmes leur cassèrent les oreilles. Soudain, l’agitation se fit plus importante et par-dessus les cris ils entendirent ceux d’hommes, en anglais lui indiqua Maya. Nino détestait l’anglais, alors il ne comprenait rien mais pas besoin d’être doué pour savoir que ce qui semblait être des gardes du corps enjoignaient les personnes à se reculer. La foule se scinda alors en deux et l’épicier se mit sur la pointe des pieds. Ils virent deux américains en costume noir déjà, puis deux autres et encore deux autres, encadrant…son meilleur ami.
Il ne le reconnut pas, si on ne lui avait pas dit son nom, il n’aurait pas su que c’était lui. Le jeune homme avait des lunettes de soleil qui cachaient ses yeux, il marchait comme une star et sans un regard pour les personnes présentes. Il aurait tout de même voulu attirer son attention, mais ça n’aurait servi à rien. Il ne le voyait pas, alors qu’il y a 12 ans ils se retrouvaient facilement dans une plus grosse foule que ça. Un des hommes qui l’accompagnait lui murmura quelque chose et il tourna la tête vers lui pour l’écouter tout en marchant. Là, le gamer pu voir un peu plus de son visage et se dit qu’il était idiot. Il aurait reconnu cette bouche, ce grain de beauté et ces joues entre milles, bien que ses dents soient maintenant d’une perfection douteuse, qu’il avait perdu de sa bouille d’enfant et que même s’il était dans son champ de vision, il ne vit pas Nino. Alors que les quelques 30à40 aines de personnes le suivaient jusqu’à la sortie, où il monta dans une limousine noire encre avec ses valises dans le coffre, il resta là avec sa demi-sœur, pantois et surtout triste. Il aurait préféré ne pas le revoir pour que ça se passe. Il s’était toujours imaginé de très belles retrouvailles, mais là Jun ne l’avait même pas vu. Ça lui avait fendu le cœur et Maya lui frotta le dos.
- Ça va ? - Bien sûr que oui ! Pourquoi ça n’irait pas ? - Tu es déçu, ça se voit. - On y va. On n’a plus rien à faire ici.
Le plus petit prit sa valise à roulette et la tira. Ils rentrèrent donc à pieds et vu qu’il n’était pas d’humeur, ils se séparèrent sans avoir pris leur dessert habituel. Le gamer retourna à son épicerie, enleva l’écriteau comme quoi il était absent pour 30 minutes et accueillit avec un petit sourire complice le client qui entrait.
Le vieil homme le connaissait depuis sa naissance et donc il commença à papoter de tout et de rien avec lui, tout en servant les autres clients qui passaient.
- Tu es au courant Nino ? - Nani ? - Jun est revenu.
Le gamer s’arrêta dans ce qu’il faisait et lui sourit tout de même.
- Je sais. - Vous allez vous revoir n’est-ce pas ? vous étiez si charmants… - Je ne pense pas non. - Nande ? - Il est très occupé, c’est une star, et je suis un petit épicier. - Nino Nino Nino…depuis quand tu penses ainsi ? Où est passé ta hargne, ta langue acérée et tes remarques glaciales ? Tu es plus fort que ça mon garçon, et je sais que si tu le veux vraiment, tu pourras revoir ton ami. Bon allez, j’y vais. A bientôt ! - A bientôt Sanki-san.
Il le regarda partir et s’appuya sur ses bras, les coudes posés sur la table. Et même s’il voulait le revoir, il ne savait même pas où il vivait à présent…Le jeune homme finit sa journée, ferma l’épicerie et rentra chez lui, ou plutôt chez ses parents. Ceux-ci lui avaient aménagé la grange, en faisant un petit studio rien qu’à lui. Il retira ses chaussures à l’entrée et se jeta sur son lit, la tête pleine de questions.
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A quelques maisons de là seulement, Jun regardaient ses hommes de main poser ses valises dans la chambre et se retirer. Il n’avait pas vraiment de toute cette protection, mais son manager insistait alors que lui trouvait ça juste grotesque. Les américains en faisaient vraiment trop parfois. Il alla ranger lui-même ses affaires, ne souhaitant pas que des femmes de chambres ou autre les déplient ou les range mal. Toujours aussi maniaque, il rangea chemises avec chemises, pantalons avec pantalons, etc. Après ça il s’affala dans le grand canapé, sortit son ordinateur et fit un petit rapport à ses parents sur le voyage et alluma la télé. On parlait de lui sur quelques chaînes et il sourit distraitement. Tous ces gens l’attendaient, mais ne le connaissaient même pas. Ces centaines de personnes qui l’avaient ignoré si longtemps, l’aimaient maintenant jusqu’à en perdre leur propre vision des choses. C’était affligeant. Son Blackberry vibra à côté de lui et il décrocha.
- Jason. - Matsumoto-san, vous n’avez besoin de rien ? - Non. - Demain il y aura une séance de dédicace près de la Tour de Tokyo, ensuite vous irez dîner avec Inoue-san et enfin vous aurez une petite interview avec un newcaster de News Zero. - Descriptifs. - Inoue Mao-san, 20 ans, actrice et fiancée à un promoteur immobilier. Elle tourne un drama en ce moment. Ensuite Sakurai Sho-san. 24 ans. Il vient de devenir newcaster et apparemment il pose beaucoup de questions, ce jusqu’à avoir ce qu’il veut, parfois de façon détournée. On dit qu’il est très doué et avenant. Je vous conseillerai, si je le pouvais, de faire attention. - Je ne suis pas né de la dernière pluie Jason. Je sais faire face à un journaliste un peu trop entreprenant. - Excusez-moi. - Ce sera tout ? - Oui, je viendrai vous chercher demain à 10h. - Bien. - Bonne nuit Matsumoto-san.
Jun raccrocha et se massa les tempes. A peine arrivé et il devait rencontrer 36 000 personnes ! Il prit son sac, en sortit un paquet de cigarettes et en même temps, quelque chose tomba. Le jeune homme se pencha pour ramasser ce qui semblait être une photo et la déplia. Son cœur s’emplit alors d’une grande nostalgie, en voyant le visage de Nino à côté du sien, si souriant et heureux. Il ne comprenait toujours pas ce qu’il s’était passé, pourquoi il n’avait pas reçu de réponses à ses interminables lettres et pourquoi quand il avait envoyé son nouveau numéro de portable à Nino en le suppliant de l’appeler, il n’avait rien eu non plus. Alors il avait arrêté d’en envoyer à force, puisqu’il n’y avait plus de retour, que ça faisait trop mal et que de toute façon le travail le prenait entièrement, lui et son temps.
Il fourra la photo dans son porte-monnaie et fuma sa cigarette, pensif, la tête renversée en arrière sur le canapé. Après un verre d’eau, il alla se changer et se coucher dans le grand lit froid.
Partie 2 - Spoiler:
Dans la rue le lendemain, tout ne monde ne parlait que de lui, son visage apparaissait sur les journaux, hantant le pauvre Nino. Il ouvrit l’épicerie et rangea un peu les étagères avant d’accueillir les premiers clients. La journée pour lui, fut des plus calmes.
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Plus loin, l’idole rentra dans la limousine, vêtu d’un T-shirt, pantalon et veste noirs. Sa couleur préférée, qui n’en était pas une. Les lunettes sur le nez, il regarda la rue défiler par la vitre opaque de la voiture de service et passa devant une épicerie, qu’il crut reconnaitre. Il se redressa mais trop tard pour voir la personne qui sortait avec un petit bac de tomates. Croyant halluciner, il se reconcentra sur la route et au bout de quelques minutes, la voiture s’arrêta à la Tour de Tokyo. Pendant une heure il tua sa main à faire des dédicaces de ses CDs les uns après les autres et finalement le chauffeur l’emmena à un petit restaurant privé. Il descendit de la voiture, rentra dans l’établissement, écouta le directeur le remercier de sa venue, etc. Puis on le mena jusqu’à une table où il s’assit en croisant ses longues jambes. Le jeune homme enleva ses lunettes pour les poser sur la table en bois et sortit son Blackberry.
C’est quand il attendit des talons claquer sur le sol en marbre du restaurant qu’il redressa la tête et vit la charmante jeune femme, Inoue Mao, arriver vers lui en souriant. Il se leva par politesse, ne voulant pas paraître rustre devant quelqu’un qui avait les mêmes origines que lui. La jeune femme s’inclina, toujours en souriant et il fit de même rapidement, sans paraitre heureux d’être là cependant. On leur apporta le menu et ils commandèrent. Les mains posées sur les genoux, Inoue le fixait gentiment, attendant qu’il lui accorde son attention.
Enfin, il posa ses yeux sur elle et la gratifia d’un rapide sourire.
- Je suis enchantée de vous rencontrer Matsumoto-san. - Moi de même. - Vous avez fait un bon voyage ? - J’étais en Jet privé.
Ce qui voulait dire : c’est évident ! Dans un tel engin, qui pouvait faire un mauvais voyage ? La jeune japonaise paru gênée et souffla de soulagement quand on leur apporta les entrées. Ils commencèrent à manger.
- Vous êtes fiancée n’est-ce pas ? - Oui. Un homme charmant, je l’aime beaucoup. - C’est bien, mais un peu tôt.
Elle ne répliqua pas, un peu perturbée par sa présence.
- Ça fait combien de temps que vous êtes partis du Japon ? - 12 ans. - Ça fait très long.
Il haussa les épaules, se demandant qu’est-ce qu’il faisait là. Ce fut pendant le repas principal, après qu’elle lui ait parlé de sa carrière et des quelques nouveaux événements au Japon, qu’il la coupa.
- Pourquoi sommes-nous là ? - Eh ? - Ce n’est pas pour nous caser, vu que vous êtes fiancée. Alors ?
Inoue rougit et recroisa ses mains sur ses genoux.
- Je vais bientôt faire un nouveau drama, et j’aimerai que vous soyez mon co-acteur. Si cela vous intéresse bien sûr. - Quel sujet ? - Ce serait dans une école, votre personnage… - Trop peu pour moi. Je vous remercie de l’offre. - Euh…d’accord.
Heureusement le dîner, qui n’avait servi ni à l’un ni à l’autre, finit par arriver à sa fin et ils se quittèrent devant les portes du restaurant.
- Bonne continuation Matsumoto-san, j’espère vous revoir bientôt. - Moi aussi.
Ils s’inclinèrent tous les deux, sachant très bien qu’ils ne se reverraient jamais, pas parce qu’ils ne le pouvaient pas, mais parce qu’ils n’en avaient pas envie. Ensuite le reporter. Il se recoiffa, mâcha un chewing-gum et vers 14h, se dirigea vers un studio d’enregistrement. Là, un jeune homme brun, un peu plus petit que lui et l’air avenant, l’accueillit aussitôt.
- Bonjour Matsumoto-san. Je suis Sakurai Sho, c’est moi qui vous interviewerai. - Enchanté. Où dois-je m’assoir ? - Là s’il vous plait, fit-il en lui montrant un tabouret tournant. On vous a dit que ce serait filmé en direct ? - Eh ?
Il regarda avec fureur Jason derrière qui s’excusa.
- Les questions seront les mêmes ? - Evidemment. - Bien.
De toute façon ce n’était pas la première fois qu’il faisait du direct. Il espérait juste que sa langue n’allait pas fourcher, sachant qu’il n’avait pas parlé japonais depuis un moment avec quelqu’un d’autre. Le newcaster s’assit à côté de lui et lui sourit. Il entendit le décompte puis le jeune homme commença à présenter à tout le monde le but de la petite émission, ce qui ne semblait un mystère pour personne sauf pour lui. Il s’était passé à peine 1 minute et il s’ennuyait déjà à en mourir.
- Matsumoto-san, vous êtes revenu seulement hier n’est-ce pas ? - Oui, répondit l’intéressé en portant son micro à sa bouche. - Cela fait donc 12 ans que vous avez quitté le sol nippon, qu’est-ce que ça vous fait de revenir aujourd’hui ? - C’est…étrange. Tout à changé. J’avoue que je ne pense plus avoir ma place ici. - C’est-à-dire ? - Eh bien, ma famille est à New-York donc je n’ai plus vraiment d’attache à Tokyo. - Même pas un ami ?
Le regard du chanteur se fit vide, et ça Sho le vit bien. Certain qu’il avait touché quelque chose, il décida d’aller en profondeur et d’en savoir plus.
- En quittant Tokyo il y a 12 ans, quels ont été vos regrets ? Quels sont toujours vos regrets ? - Je regrette…de ne pas être resté ici. - Pourquoi ? Vous ne seriez pas une idole sinon. - Ça vous n’en savez rien. Et j’ai mes raisons. On ne quitte pas son pays d’un claquement de doigt, comme si c’était aussi facile. - Y a-t-il quelqu’un que vous avez laissé ici alors ? Quelqu’un qui vous fait regretter ce choix ? - Ce n’était pas un choix, ce n’était pas mon choix.
Le newcaster fronça les sourcils.
- Vous aviez 10 ans c’est ça. - Oui. - C’est vrai qu’à cet âge-là, on suit ses parents. - Que voulez-vous. - Et vous n’avez pas eu envie de revenir avant ? - J’ai à peine 22 ans, je suis donc majeur depuis moins de 2 ans. Même si je l’avais voulu, je n’aurai pas pu revenir. - Mais vous êtes là aujourd’hui. - Par obligation.
Sho eut un petit sourire.
- Vos disques se vendent très bien, non seulement en Amérique mais aussi dans l’Union Européenne et en Asie. A quoi est-ce dû selon vous ? - La langue. J’alterne anglais et japonais. Je pense que c’est un moyen pour que tout le monde ait accès à mes chansons, à ce que je veux dire. - Et que souhaitez-vous dire ? Par exemple, dans « I’ll be back, child ». Cette chanson m’a beaucoup touchée et retournée. On sent tellement de tristesse et d’amour, comme quelque chose ou quelqu’un qu’on aurait perdu mais qu’on ne désespère pas de retrouver. - Peut-être. - Allez-vous nous en dire la signification ? - C’est personnel, je suis désolé.
Mais devant le regard insistant de Sakurai, il soupira.
- Ça parle d’une personne que j’ai laissée là en partant. - C’est tout ? - Oui. - Mais vous allez la revoir non ? - Je ne sais pas. - Mmmh. Il est dit que vous préparez un nouveau single, que vous chanterez ici, à Tokyo. Avez-vous déjà une idée de la chanson que vous allez interpréter ? - Non. - Sera-t-elle en anglais ou en japonais ? - Je ne sais pas. Les deux, ou japonais.
La conversation continua sur ses centres d’intérêts et tout ce qui s’ensuit sur sa vie privée, puis l’émission se termina. Le newcaster vint lui serrer la main.
- Merci pour votre participation Matsumoto-san. - Vos questions allaient un peu trop loin parfois. - Gomen, mais j’aime apprendre et savoir. - Je vois ça. - Ça vous dit un verre ? - Mmmh, mais pas de questions ? - Pas professionnelles en tout cas.
Le jeune homme le suivit jusqu’à un petit restaurant où ils commandèrent deux bières.
- J’étais sincère tout à l’heure, j’aime vraiment I’ll be back, child. Je trouve cette chanson tout simplement magnifique et pleine d’émotion. - Si vous le dites. - Vous n’êtes pas très bavard. Qu’est-ce qui vous gêne dans le fait que j’évoque cette chanson ? - Je vous l’ai dit, c’est personnel. - Avez-vous vraiment laissé quelqu’un ici ? - Je ne suis pas un menteur. - Mais…pourtant dans votre live à Washington vous avez pleuré… - Arrêtez d’en parler, ou je m’en vais. - Soit. Parlez-moi de la nourriture américaine alors.
La conversation s’engagea dans ce sens-là et finalement il passa une bonne fin d’après-midi avec le newcaster, qui se retenait de poser des questions gênantes et qui, quand il le faisait, promettait de ne pas s’en servir. Ils se quittèrent sur les coups de 17h30 et Jun remonta en voiture jusqu’à l’hôtel. Une fois arrivé, une envie soudaine le prit et il prit sa veste en cuir avec son porte-monnaie pas très rempli et alla marcher, suivit de près bien entendu par les américains. Les lunettes sur le nez parce qu’il y avait encore un peu de soleil heureusement, il avança nerveusement, jusqu’à s’arrêter, le cœur battant, devant la porte d’un petit magasin.
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Nino finit de ranger ce qu’il tenait dans la main et mit les quelques pièces de son dernier client dans la caisse. Sur son écran de surveillance, il vit entrer trois personnes, une femme qu’il connaissait bien, un homme en costume et l’autre en noir. Les deux derniers ne lui disaient rien, alors il jeta constamment un œil dessus, pour les surveiller. La femme prit la même chose que d’habitude, puis s’en alla. Le gamer vit passer l’homme en costume, qui le regarda bizarrement.
- Vous voulez quelque chose Monsieur ?
Le concerné sursauta et fronça les sourcils. Il n’avait pas l’air de comprendre ce qu’il disait, en plus il ne semblait pas japonais. Il continua de les surveiller sur son écran mine de rien, en faisant semblant de calculer quelque chose ou de chercher un truc sur son ordinateur. Le deuxième homme par contre restait toujours de dos à la caméra, mais quelque chose lui semblait familier chez lui. Soudain, l’homme en costume regarda vers l’autre, qui lui dit en anglais de partir. Ils semblaient ensemble. Avec difficulté, le grand homme partit sans un coup d’œil menaçant envers l’épicier qui se dit que ce gars était totalement fou. En fait oui, il pensait ça au moment-même où une voix se fit entendre, une voix qui, même si elle avait changée, restait toujours la même pour lui et fit bondit son cœur dans sa poitrine.
- Nino ?
Le concerné releva la tête vers le jeune homme habillé en noir qui enlevait ses lunettes de soleil, très peu utiles dans le magasin à vrai dire. Il resta paralysé devant la personne qui se tenait en face de lui, comme un rêve, un songe, un mirage…Il était différent de dans ses souvenirs, et pourtant si semblable. Un peu différent que lorsqu’il l’avait vu à l’aéroport, comme s’il était quelqu’un d’autre à ce moment-là et maintenant une autre personne. Il le vit hésiter entre sourire et sérieux, tristesse et inquiétude. Aucun des deux ne bougea pendant un moment, ne sachant pas quoi dire. Ils avaient tellement attendus ce moment pendant 12 ans…et rien. Jun ne pourrait pas rester là indéfiniment, il le savait…
- Salut. - …ça va ? - Oui. - Tu as repris l’épicerie ? - Oui. - C’est bien. - Oui. - Tes parents vont bien ? - Oui. - Ok.
Le chanteur commençait vraiment à penser qu’il n’aurait pas dû venir, que si Nino ne lui avait jamais répondit, c’était pour une bonne raison non ? Pourquoi se torturer en revenant ? En le voyant, toujours si mignon et indomptable ? Il joua avec ses lunettes, ne le quittant pas des yeux, ce qui gênait le gamer.
Que faisait-il là ? Pensait-il vraiment pouvoir revenir comme ça alors qu’il l’avait ignoré pendant des années ? Non ! Il n’était pas un jouet là pour combler un manque affectif, alors il se fit de plus en plus dur avec son (ancien ?) meilleur ami.
- Tu es idole maintenant non ? C’est la belle vie ? Tu dois avoir des tas d’amis. - Pas tellement. - Dommage. Ça te serait utile non ? - Pourquoi tu dis ça ? - C’est une évidence, quoique, tu ne sembles pas pouvoir les garder longtemps.
Jun fronça les sourcils, les paroles de Nino le blessaient, comme s’il ne comptait pas pour lui, qu’il n’avait pas envie de le revoir.
- Je…Je vais y aller. Passe le bonjour à tes parents. - Oui, tu dois être TRES occupé depuis quelques années. - On pourra se voir un de ces jours ? - Si Monsieur en a la permission. - Hum…euh…ok. Bye.
Le gamer ne répondit pas, ce qui lui brisa définitivement le cœur, mais pas question qu’il se laisse aller devant lui. Il sortit de l’épicerie et retourna dans sa chambre d’hôtel. Là, il demanda à ce qu’on lui procure un de ses CDs, il précisa lequel et on le lui apporta bien sûr rapidement. Il prit un post-it, écrivit quelque chose dessus et appela Jason.
- Oui Matsumoto-san ? - Demain tu donneras ça à l’épicier de toute à l’heure. - Vous êtes sûr ? - Je t’ai demandé ton avis ?
L’homme hocha négativement de la tête et prit ce qu’il lui tendait. Jun dormit très mal ce soir-là, pire que toutes les autres nuits.
Partie 3 - Spoiler:
Le lendemain, Nino vit rentrer le même gars au costume, qui s’approcha de lui. - Vous êtes Ninomiya-san ?- Oui c’est moi. - Tenez. J’ai ça pour vous.- De qui ?- Matsumoto-san.- Il ne pouvait pas me le donner tout seul ?- Il est très occupé, pour sa nouvelle chanson.En disant ça, Jason ne savait pas qu’il aggravait les choses. - Je n’en veux pas. - Je le pose là. Parce que je n’ai jamais vu Matsumoto-san offrir quelque chose à quelqu’un, alors je pense qu’il y a une raison et que vous devriez regarder. Il ne fait jamais rien sans y avoir bien réfléchi avant. Je le connais.- Je croyais le connaître. L’homme en costume prit un air désolé et posa le petit paquet sur le comptoir. L’épicier attendit 16h, sa pause, pour le prendre et alla dans l’arrière-boutique pour l’ouvrir. C’était un CD, un de ces CDs. Serait-il narcissique maintenant ? Il lut le post-it qui l’accompagnait. Piste 9 Ecoute-là s’il te plait - Pfff, comme si j’avais le temps à ça.Il fourra le CD dans son sac et retourna travailler, se demandant tout de même ce que ça voulait dire, et s’il allait écouter ou pas. La curiosité le démangeait, mais il en voulait toujours à Jun d’avoir agi comme s’il ne comptait plus pour lui. Il rentra chez lui le soir, mangea avec ses parents et sa demi-sœur et finalement s’enferma dans son studio. Il prit le boitier dans sa main et le regarda un long moment, sans savoir quoi faire. Puis, décidé, il se leva et mit le CD dans la chaîne-hifi qu’il s’était acheté en économisant. Il fit défiler les chansons, jusqu’à la 9, remarquant au passage que son ami avait une belle voix. Cette chanson…j’espère que vous la comprendrez. ~I’ll be back, child~ Nous nous sommes quittés une journée ensoleillée (We parted on a sunny day) Avec la promesse que rien n’allait changer (With the promise that nothing would change) Avec l’espoir que rien ne changerait (With the hope that nothing would change) Nous nous sommes quittés ce jour-là en étant certain que l’on se retrouverait (We parted that day with the certainty that we would find ourselves) Dans 1 heure, 1 jour, 1 semaine, 1 mois, 1 an, 1 décennie…dans le parc où tout avait commencé In 1 hour, 1 day, 1 week, 1 month, 1 year, a decade in the park ... where it all began)
En partant ce jour-là j’ai gardé en souvenir (Starting that day I kept in memory) Ton visage, tes yeux baignés de larmes et ton sourire (Your face, your eyes filled with tears and your smile) Certain que ce n’était qu’un simple au revoir, que ce ne serait pas la fin (Certainly this was a simple goodbye, it would not be the end) Nous nous sommes quittés ce jour-là sans savoir que nous ne nous reverrions peut-être jamais. (We parted that day without knowing that we do meet again, perhaps never.)
Des années maintenant ont passées, nous sommes toujours séparés (Years have passed now, we are always separated) Pourtant il ne passe pas 1 heure, 1 jour, 1 semaine, 1 mois, 1 an, 1 décennie (Yet he does not spend 1 hour, 1 day, 1 week, 1 month, 1 year, a decade) Sans que je ne pense à toi, sans que je ne sois sûr que, là dans ce parc (Without that I think of you, although I am not sure, here in this park) Tu m’attends. (You wait for me.)
Je reviendrai, enfant, parce que c’est ainsi (I'll be back, child, because it is well) Je reviendrai, enfant, parce que je te l’ai promis. (I'll be back, child, because I have promised you.)
Nous nous sommes quittés certes, les larmes aux yeux… (Although we parted, with tears in eyes ...) La voiture filait à toute allure, m’emmenant loin de toi (The car was traveling at full speed, taking me away from you) Mais plus je m’éloignais, plus je te sentais là (But I walked away, the more I felt you were there) Tu sais là, dans ma poitrine, dans mon cœur… (You know here in my chest, my heart ...) J’aimerai que toi aussi tu te souviennes de ce parc, de cet espoir (I love thee as thou art mindful of this park, this hope) De ce qu’on s’est dit, ce jour ensoleillé, (From what we said, this sunny day,) Alors que les forces de l’univers me forçaient à te quitter. (As the forces of the universe forced me to leave you.)
Il n’y a pas un instant où je ne regrette pas d’avoir été trop petit, trop faible, trop enfant (There is no one moment when I do not regret having been too small, too weak, too young) Pour refuser ce qu’il nous est arrivé (To deny this happened to us) Si j’avais eu l’âge de décider, qu’est-ce qui aurait changé ? (If I was old enough to decide, what has changed?) Je serai là, près de toi, assis sur cette balançoire marquée de nos passages (I'll be there beside you, sitting on this swing marked our passage)
Pourtant…oui pourtant, chaque fois que je te vois dans mon esprit (But yes ... yet every time I see you in my mind) J’ai foi. Moi qui ne crois en rien, je crois en toi (I have faith. Me who believe in nothing, I believe in you) Je crois en ces jours inoubliables, je crois en la chance. (I believe in those memorable days, I believe in luck.) Un jour… (One day ...)
Je reviendrai, enfant, parce que c’est ainsi. (I'll be back, child, because it is so.) Je reviendrai, enfant, parce que je te l’ai promis. (I'll be back, child, because I have promised you.)
Alors attends. Attends…Parce qu’un jour ensoleillé, la voiture reviendra, (So wait. Wait ... Because a sunny day, the car returns,) Ce jour-là, j’en descendrai (That day, I go down) Certes changé, certes transformé (Certainly changed, indeed transformed) Mais avec dans le cœur le même sentiment que lorsque je t’ai quitté. (But with in the heart the same feeling as when I left you.)
Encore aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’il s’est passé (Even today I do not know what happened) Pourquoi on s’est perdu (Why we lost) Pourquoi on ne s’est pas retrouvé… (Why we did not find ...) Mais pour moi une chose est sûre (But for me one thing is certain) Quoi qu’il arrive, que les rides aient déformé nos visages, que la maladie ait rongée notre corps, que notre mémoire ne soit qu’un tas de cendres éparpillées… (Whatever happens, the wrinkles have distorted our faces, the disease has plagued our body, our memory is a pile of ashes scattered ...) Quoi qu’il arrive… (Whatever happens ...)
Je reviendrai, enfant, parce que c’est ainsi. (I'll be back, child, because it is so.) Je reviendrai, enfant, parce que nous nous l’avions promis. (I'll be back, child, because we had promised.) La chanson suivante embrailla quelques secondes après, mais Nino n’écoutait plus, devenu sourd à tout autre chose. Il appuya sur le bouton et réécouta une dizaine, une vingtaine de fois cette chanson qu’il lui pensait destinée. Il comprenait… Il se jeta sur son ordinateur pour voir de quand elle datait, d’il y a un peu plus 1 an, après…l’hospitalisation de Jun pour sa pneumonie. Il avait failli mourir, et il lui écrivait une chanson…Il tomba par hasard sur un des live et cliqua dessus. La chanson était plus belle quand on le voyait chanter. Assis sur une balançoire, il chantait comme s’il n’y avait plus que ça, regardant le ciel, la caméra et au « Pourquoi on s’est perdu », une larme coula le long de sa joue, inopinée. Il eut du mal à continuer après, encouragé par le public. Il aurait voulu être là, pour lui dire que lui aussi il n’avait pas oublié, qu’il regrettait…mais alors pourquoi Jun ne l’avait pas contacté ? Pourquoi, s’il ressentait ça, n’avait-il rien fait ? Il ne comprenait plus rien. Il s’endormit en écoutant cette chanson qui le fit pleurer, lui déchirait le cœur. Jun avait mis en chanson les sentiments qu’il éprouvait depuis des années. La tristesse, l’espoir, l’incompréhension…Il se maudit de l’avoir repoussé alors que, comme promis, il était revenu. Peut importe ce qu’il s’était passé, il avait raison…il était revenu, et juste ça devait compter. Les jours suivants, l’épicier attendait que son meilleur ami revienne. Qu’il soit là, près de lui, comme il l’avait toujours souhaité. Mais les jours passaient, et il ne revenait pas. Nino était certain qu’il l’avait fait fuir pour de bon. Il ne revit plus non plus l’homme en costume pour lui demander où il était. Il regarda avec attention l’émission où il était apparu, sentant son cœur se serrer quand le newcaster avait parlé de cette chanson, cette chanson trop personnelle pour qu’il en parle à la télé, cette chanson qui leur était réservée. Pourquoi ne l’avait-il pas écoutée plus tôt ? Parce qu’il lui en voulait, et qu’il était une tête de mule. Alors au lieu de le voir en vrai, il regardait la télé, dès qu’il le pouvait. On parlait pas mal de lui en ce moment et c’était les seules fois où il pouvait voir son visage. Mais bon dieu, pourquoi il avait fait ça ? ---------------------------------------- Jun, lui, persuadé d’avoir donné son numéro à Nino, attendait qu’il l’appelle, et voyant qu’il n’y avait rien, il se dit qu’il avait refusé d’écouter le CD, qu’il lui en voulait encore pour quelque chose dont il ne connaissait pas la raison. C’était frustrant, et au lieu d’y penser il se concentra sur sa nouvelle chanson. A peine revenu de l’épicerie, les mots avait coulés de sa plume, sans pouvoir s’arrêter. Voilà 10, voire 20 fois qu’il reprenait la même phrase, sans réussir à trouver les mots justes pour exprimer ce qu’il ressentait. C’était facile et en même temps si dur ! Il passa quelques fois devant l’épicerie, sans oser y entrer, de peur de souffrir encore de son indifférence, de sa haine à son égard. Il s’en voulait, sans savoir pourquoi. Voyant son état, Jason vint lui parler un soir. - Matsumoto-san ? - Mmmmh.- Je pense qu’il y a une chose que je dois vous dire…- Qu’est-ce que c’est ? Soit bref, je suis occupé.- C’est à propos de l’épicier et…de vos parents.Le chanteur se retourna subitement, le fixant en fronçant les sourcils. - Quoi ? - J’ai vu une fois vos parents brûler des lettres, certaines de votre écriture, et d’autres avec une écriture que je ne connaissais pas. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais peut-être…peut-être qu’une partie de votre correspondance a été brûlée ?- Par mes parents ? Mes propres parents ?- Je suis désolé Monsieur, je n’aurai pas dû.Jason s’en alla, la tête basse et Jun se retourna à nouveau sur le canapé. Non, pas possible. Ses parents…l’auraient empêché de parler à Nino ? Mais pourquoi ? Parce qu’il était en voie de devenir une idole ? Mais c’était débile ! Et injuste…Mais ça expliquait le fait que ni l’un ni l’autre n’ait de nouvelles. Tout ça à cause de deux charlatans qui choisissaient toujours à sa place…il en avait marre d’être contrôlé, de faire selon eux…ça allait changer, il se le promit. Il passa la nuit entière à écrire.
Partie 4-fin - Spoiler:
Nino reçut une invitation noire et argentée pour le concert de Jun, qui se finirait par sa nouvelle chanson. Il décida bien sûr d’y aller, avec sa demi-sœur qui, étonnamment, en reçue aussi une. Comme quoi son meilleur ami n’avait rien oublié en 12 ans. Le soir-même, il s’habilla correctement, avec un slim propre bleu marine, un cardigan et un T-shirt blanc, vu qu’il faisait très chaud. Il accompagna Maya nerveusement. L’entrée était bondée mais Jun leur avait donné des pass spéciaux, qui les firent passer tout de suite et les installèrent à la meilleure place. De là où il était, il pourrait tout voir en détail. Le Kokuritsu fut remplit en moins de 30 minutes et enfin, les lumières s’éteignirent, laissant un faible faisceau lumineux éclairer un bout de scène, où une silhouette filiforme se découpait. Il serait trop long et douloureux pour Nino de décrire l’apparition de son meilleur ami. Il était là, le sourire aux lèvres, les yeux pétillants et donnant tout de lui pour les personnes qui avaient payées chers leurs entrées. Il portait un pantalon en cuir moulant noir, une chemise entrouverte presque jusqu’à son nombril, noire elle aussi et des boots satinées. Il était resplendissant, surtout avec cette toute nouvelle coupe. L’épicier s’en voulu d’avoir loupé ça toutes ces années. Il profitait à fond de chaque chanson, regrettait de ne pas pouvoir chanter dessus comme la totalité des personnes présentes autour de lui. Néanmoins les paroles, un mélange d’anglais et de japonais, étaient belles, énergétiques, sensuelles…C’était toujours beau, nouveau et différent. Il était fier de son meilleur ami. Il sentit alors quelqu’un le pousser un peu et écarquilla les yeux en voyant le garçon brun se relever avec son appareil photo. Dans le noir, il ne le reconnut pas tout de suite. - Monsieur, on ne peut pas prendre de photos.- Moi si.- Je vais appeler la sécurité.A la lueur d’une explosion superficielle, Nino se rendit compte de à qui il parlait. L’homme à côté de lui et qui le regardait en souriant malgré sa remarque, n’était autre que Sakurai Sho, le reporter et un des plus jeunes à entrer à News Zero. Aussitôt il s’inclina, ce qui le fit rire. - Ne vous inquiétez pas, j’ai l’autorisation de prendre des photos de Matsumoto-san pour mon article.- Ah.- C’est un pass spécial que vous avez non ? - Euh…Le jeune homme le lui prit des mains et l’examina. - C’en est un en effet. Comment l’avez-vous eu ?- D’un…ami. - Un…ami ? Nino baissa la tête pour éviter qu’il remarque sa gêne. Trop tard. - Matsumoto-san vous a invité? - C’est possible, et alors ? Il avait une vie avant de devenir une star.- Je n’en doute pas. Sakurai Sho.- …Ninomiya Kazunari.Ne souhaitant pas se faire interroger encore plus, il se replongea dans le concert. Près de 2 heures étaient passées déjà, il l’avait vu se déhancher comme un dieu sur scène, ce qui lui avait donné des frissons et l’avait rendu…oui, jaloux. Jaloux que tout le monde ait pu voir le corps magnifique qu’il avait dévoilé, si différent de celui qu’il avait enfant, évidemment. La fin du concert approchait, et avec ça la dernière occasion de le voir. Tout le monde attendait avec impatience, parce qu’il allait chanter sa toute nouvelle chanson, attendue depuis des mois. L’atmosphère était lourde, on sentait les gens agités, anxieux et pressés. Pressés de voir si c’était bien ou pas, s’il avait été à la hauteur pour son pays natal. Le chanteur revint sur scène, habillé plus convenablement, avec une bouteille d’eau et un micro. Il se rinça le visage, écarta un peu ses cheveux et sourit. - Eto…ce n’est pas facile d’écrire les paroles d’une chanson. Pour être franc, j’avais des mois pour le faire et je n’ai commencé qu’il y a quelques jours, après être revenu ici. Ce qui m’a laissé très peu de temps. Pour être bref cette chanson…c’est une part de moi-même. Tout le monde connait « I’ll be back, child » ?Des exclamations fusèrent dans la salle. - C’est le même style, mais comme une continuation, ou autre chose. Je la dédie à la personne que j’ai perdue en quittant le sol nippon. Si tu es là aujourd’hui, cette chanson est pour toi. Alors écoutez s’il-vous-plait, « Watashitachi no 10-nen no yakusoku » (La Promesse de nos 10 ans).Nino crispa ses doigts sur son siège, alors qu’un son de violon montait dans les airs et s’amplifiait. Debout, le micro à la main, Jun se mit à chanter. Quand tu as 10 ans, tu ne connais rien de la vie (When you are 10 years old, you know nothing of life) Tu joues, tu ries, tu pleures, tu te mets en colère mais jamais (You play, you'll laugh, you cry, you get angry but never) Non jamais tu ne le restes longtemps. (You do not ever remains long.) Quand tu es petit, tu aimes rêver, te promettre, promettre aux autres (When you're little, you like to dream, promise you, promise the other) Mais quand tu deviens grand, les rêves sont partis. (But when you become great, the dreams are gone.) Tu es là, tout seul, avec des promesses inaccomplies. (You're there all alone, with unfulfilled promises.)
Ce jour-là je t’ai promis de ne pas t’oublier, de revenir pour toi (That day I promised not to forget you, for you to return) Ces promesses j’en suis fier, je les ai tenues (These promises I'm proud, I have held) Je suis revenu, je ne t’ai pas oublié… (I came back, I've not forgotten ...) Malgré les adultes qui t’empêchent de suivre tes rêves d’enfants (Despite the adults that prevent you from following your childhood dreams) Qui t’empêchent d’être là où tu veux, parce qu’ils sont plus grands que toi. (That keep you from being where you want, because they are bigger than you.)
On se souvient tous de nos promesses quand on avait 10 ans (We all remember our promises when we were 10 years) Je serai princesse, je sauverai le monde, j’aurai un bateau, je serai toujours avec toi. (I am a princess, I will save the world, I have a boat, I will always be with you.) Tant de choses qu’on voudrait faire, tant de choses qu’on ne peut pas faire. (So many things we would like to, so many things you cannot do.) Mais au-delà de nos espérances, une lueur. De simples mots « Je te promets… » (But beyond our expectations, a glow. Simple words "I promise ...")
J’ai voulu sauver le monde, je me suis retrouvé à le détruire (I wanted to save the world, I found myself to destroy) J’ai voulu être une princesse, je suis une simple femme de ménage (I wanted to be a princess, I am a simple maid) Je voulais un bateau, la mer m’a arrachée un membre… (I wanted a boat, the sea has torn me a member ...) Quand on devient adulte, les rêves d’enfants sonnent différemment (When we become adults, children's dreams sound different.) On ne croit plus, on espère. On ne rêve plus, on fait face à la réalité. (We no longer believe, we hope. We no longer dream, you face reality.) On ne promet plus, car on sait qu’on ne tiendra pas nos promesses. (It does not promise more, because we know we will not hold our promises.)
Pourtant il y a une promesse que je tiendrai éternellement (Yet there is a promise that I will forever) Peu importe si j’ai 10 ans, 20 ans, 30 ans ou plus (No matter if I'm 10 years old, 20, 30 or older) Il y a toujours une promesse d’enfant qui reste au fond de notre cœur (There is always a promise of a child who remains at the bottom of our heart) Qui est là pour nous montrer que tout n’est pas perdu (Who is there to show us that all is not lost) Qui est là pour nous prouver que peu importe notre vie, si on y croit (Who is there to prove that no matter our life, if we believe) Si on y tient, si on a confiance en soi (If you insist, if we have confidence) Alors tout se réalisera. (Then everything will come true.)
On se souvient tous de nos promesses quand on avait 10 ans (We all remember our promises when we were 10 years) Je serai princesse, je sauverai le monde, j’aurai un bateau, je serai toujours avec toi. (I am a princess, I will save the world, I have a boat, I will always be with you.) Tant de choses qu’on voudrait faire, tant de choses qu’on ne peut pas faire. (So many things we would like to, so many things you cannot do.) Mais au-delà de nos espérances, une lueur. De simples mots « Je te promets… » (But beyond our expectations, a glow. Simple words "I promise ...")
Quand j’avais 10 ans, moi aussi j’ai fait une promesse (When I was 10, I also made a promise) Je reviendrai, je serai là, je ne t’oublierai pas (I come back I'll be there, I will not forget you) Je suis revenu, je suis là, je ne t’oublie pas. (I came back, I'm here, I will not forget you.) La seule promesse peut-être que je tiendrai dans toute ma vie (The only promise that maybe I will keep in my life) Mais la seule aussi qui en vaut vraiment la peine. (But the one who also worth it.)
On a tous dans notre vie fait une promesse, (We all have our lives made a promise,) La promesse de nos 10 ans. (The promise of our 10 years.) La musique s’arrêta sur ces dernières paroles. Tout le monde hésitait à applaudir, Nino ne pouvait plus bouger et le newcaster à ses côtés guettait sa réaction, leurs réactions. La tête baissée dans une prière silencieuse, Jun laissa une larme couler, avant de relever la tête sans pour autant l’effacer. - J’ai écrit cette chanson pour toi Nino, parce que le jour où je suis parti, souviens-toi, je t’ai promis de revenir. « Je reviendrai ». Deux simples mots qui pourtant avaient une grande signification pour toi et moi. Ça fait 12 ans maintenant, je suis revenu parce que malgré le fait qu’on ait plus de nouvelles l’un de l’autre, je n’oubliais pas, je ne le pouvais pas. Aujourd’hui pas mal de choses ont changées. Nous avons changés. Mais au fond de moi j’espère toujours qu’on se retrouvera. Sho regarda le jeune homme qui pleurait silencieusement à côté de lui. Il aurait pu prendre une photo, il aurait pu en profiter pour avoir son exclusivité : « Une idole qui se déclare en plein concert ! ». Mais il ne fit rien. Parce qu’avant d’être un journaliste, il était un homme, avec des sentiments. Lui aussi avait fait une promesse quand il était petit, celle de ne jamais décevoir le petit garçon au sourire chaleureux qu’il aimait tant, encore aujourd’hui. En publiant cet article, ne romprait-il pas sa promesse envers Aiba ? Il ne voulait pas le perdre, alors il rangea son appareil photo et posa ses coudes sur le siège de devant. Lui aussi, peut-être, devrait se déclarer… - Pour clôturer cette magnifique soirée avec vous, j’aimerai qu’on chante tous ensemble « I’ll be back, child ».Jun fit un signe de tête aux musiciens derrière et les violons jouèrent en premier. Alors le millier de personnes présentes allumèrent briquets et autre, se balançant alors que le jeune homme commençait à chanter doucement. Oui, c’était plus beau de le voir chanter en vrai que dans une chaine-hifi ou devant la télé. L’épicier, sa demi-sœur et même le journaliste, allièrent leur voix à celles des autres pour chanter la promesse que Jun lui avait faite, et dont il parlait dans sa dernière chanson. Il avait promis de revenir, il était revenu. --------------------------- On ne lui avait pas permis d’aller le voir en coulisse, et même le reporter avait eu du mal. Celui-ci, avant de le quitter, lui avait donné sa carte avec un doux sourire. « Si jamais vous avez besoin de quelque chose… » furent les seuls mots qu’il lui dit, ce qui l’étonna. Il était donc rentré chez lui avec Maya, qui ne disait rien mais lui tenait les épaules. Il se coucha nettement plus apaisé ce soir là. ------------------------------- Le lendemain, le gamer marcha lentement vers le parc. Il n’était même pas encore 9h du matin, mais ça faisait quelques jours qu’il n’y était pas allé et avec ce qu’il s’était passé hier…oui il espérait. Non, il croyait. Il s’assit sur une des balançoires, la sienne, et baissa la tête en se balançant doucement. Il faisait beau et chaud, le soleil caressait son visage et, les yeux fermés, il écoutait. Il ne vit pas le temps passer, mais bientôt il entendit des crissements sur le gravier, puis dans les cailloux. Il n’osa pas ouvrir les yeux ni relever la tête, de peur d’être déçu. Alors il continua de se balancer mais sentit clairement quelqu’un s’assoir sur la balançoire d’à côté, et se balancer. L’épicier sourit doucement, reconnaissant cette présence. - Tu m’as attendu.- C’était ma promesse. Il y eut encore un silence, mais pas un silence gêné, bien au contraire. Il leur faudrait sûrement du temps pour se retrouver, pour s’adapter à nouveau à l’autre, surtout qu’ils avaient bien changés entre temps. - Tu chantes bien. C’est étonnant.- Pourquoi ? - Rien ne te destinait à être ce que tu es aujourd’hui.- Je sais. Tout est arrivé trop vite.- Mmmmh. - Tu…tu as écouté ? Tu es venu ?- Oui…et oui. Je voulais venir te voir à la fin mais…- Arf ce Jason, il m’en fait voir de toutes les couleurs. Et ce journaliste qui m’a tenu la jambe pendant 1 heure ! Nino rigola pour la première fois depuis qu’ils s’étaient revus et, comme une contagion, Jun se mit à rire aussi. Les larmes aux yeux, ils rigolaient sans pouvoir s’arrêter, comme ils le faisaient avant et finalement se calmèrent. Il devint soudainement grave. - Je suis désolé Nino.- Pourquoi tu ne m’as jamais répondu ? Si tu pensais à moi, pourquoi je n’ai rien eu ?- Je t’ai répondu, des millions de fois. Une lettre presque tous les deux jours. Mais moi non plus je n’avais pas de retour. Je t’avais même envoyé mon nouveau numéro de téléphone !- Je n’ai rien reçu.- Je sais. - Eh ?- Mes parents brûlaient nos correspondances avant qu’on ne les lise. Tu n’as jamais eu mes lettres, je n’ai jamais eu les tiennes. C’est eux qui ont fait en sorte qu’on ne se parle plus. - QUOI ? Mais pourquoi ?- Je n’ai plus rien reçu depuis que j’ai commencé dans le show business. Peut-être qu’ils pensaient que ça ne ferait que me distraire. Je ne sais pas, et je ne veux pas savoir. C’est trop douloureux de se dire que tes propres parents détruisaient les lettres que tu envoies, en désespérant de n’avoir aucune réponse. - Je ne savais pas…j’ai été si cruel avec toi la dernière fois…- C’était justifié. Pourtant je n’ai vraiment jamais arrêté de penser à toi tous les jours. Je leur en veux de m’avoir forcé à partir. - Mais tu ne serais pas devenu chanteur.- Et alors ? Je m’en fous de ça. Ce que je vois moi, c’est que j’ai perdu 12 ans, 12 longues années que j’aurais pu passer avec toi. Le collège, le lycée, l’université…Toutes ces choses qu’on voulait faire ensemble et qui finalement…Nino lui prit la main en souriant, et Jun releva un visage triste vers lui. - Ce n’est pas grave. On est toujours jeunes ! On a au moins 50 ans devant nous ! c’est deux fois ce qu’on a perdu…Enfin si tu le veux…Le chanteur fit un léger sourire, un de ses sourires tellement mignon qu’il aimait quand ils étaient petits. Ils se balancèrent encore un peu, de plus en plus vite et sans s’en rendre compte, se retrouvaient à jouer au jeu de « celui qui va le plus haut ». Au bout de quelques minutes à rigoler comme des gosses, ils se regardèrent et d’un commun accord, commencèrent à compter. - 3…- …2…- …1…- JUMP !Ils sautèrent des balançoires pour s’affaler sur l’herbe, le plus grand se retrouvant allongé sur le plus petit. Les yeux dans les yeux, Jun déglutit et leva sa main pour toucher le visage de son meilleur ami, qui ne bougerait pour rien au monde. Il se pencha alors vers lui, mais s’arrêta, soudainement inquiet que Nino ne ressente pas les mêmes choses que lui, qu’il ait fait fausse route depuis le début. Et s’il perdait son amitié avec un tel geste ? Mais il n’eut pas le temps de plus réfléchir, car l’épicier se relevait un peu et liait leurs lèvres en un simple baiser, maladroit mais qui leur ressemblait tellement. Ils s’écartèrent un peu et il le regarda. - Je ne te quitterai plus Nino.- C’est une promesse ? - Plus. Une réalité. Le jeune homme rigola et attira son meilleur ami contre lui. Je suis revenu, enfant, parce que c'est ainsi (I came back, child, because it is well) Je suis revenu, enfant, parce que je te l'avais promis. (I came back, child, because I had promised you.)
C’était la promesse de nos 10 ans. (That was the promise of our 10 years.) それは私たちの10年間の約束でした。 ~Sore wa watashitachi no 10-nenkan no yakusokudeshita. ~
~~ Un parc. 2 balançoires. Deux vieillards. Main dans la main, ils se balancent avec le sourire aux lèvres sur leur visage marqué par les années. 50 ans plus tard, c’est toujours la même réalité, la même promesse tenue, le même espoir mais sans regret. Il est resté, chaque jour, parce qu’il n’y a que là qu’il voulait être.
Et l’un comme l’autre était sûr que des années durant ils seraient ensemble, sur cette balançoire, à fredonner qu’ils ne se quitteraient jamais.
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